Lucifer Rising
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Ji Quan - I am, I am a monster

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Ji Quan

Welcome to Hell
Ji Quan


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MessageSujet: Ji Quan - I am, I am a monster Ji Quan - I am, I am a monster  Icon_minitimeMer 22 Mai - 22:53


Ji Quan


MYSELF
♔ âge; 24 ans ♔ lieu de naissance; Chicago, Illinois ♔ nationalité; Américaine (origine coréenne) ♔ ville; Minneapolis♔ métier; Serveur dans un coffee-shop ♔ état civil; Célibataire ♔ créature; Indeterminée ♔ camp; Neutre ♔ clan; Neutre ♔ avatar; Kwon Ji-yong♔ groupe; Créatures

j'aime

✎ j'aime la nature
✎ j'aime lire
✎ j'aime apprendre
✎ j'aime les cappuccinos glacés
je déteste

✎ je déteste les grands espaces ouverts
✎ je déteste les cauchemars
✎ je déteste ne pas savoir si Ash va bien
✎ je déteste les églises

story of my life
je vais tout te raconter

Etre humain est un droit, pas une nature.

Et ce qui arrive à ceux qui ne le respectent pas, à ceux qui ne gagnent pas ce droit, Ji ne le sait que trop bien. Par conséquent, tout jeune encore, il se promet qu’il fera toujours tout pour le mériter, ce droit, ce titre honorifique d’être humain.

Ji Quan est né en 1989 sous le statut d’erreur. Son père aimait l’alcool plus que sa propre femme et cette dernière cherchait des sensations qu’elle avait appris à prétendre dans les bras de ses clients, Ji résulta de cette expérience foirée. C’est le premier coup que son père lui donna qui le fit réaliser cette triste réalité. Il avait toutes les mauvaises cartes en main et il penchait déjà du mauvais côté, comme un arbrisseau pourri jusqu’aux racines. C’est le regard de sa mère sur ses lèvres ensanglantées qui l’acheva. Ou qui lui offrit une chance de renaître, une chance qu’il saisit aussitôt. Il ne voulait pas continuer à pourrir et grandir en s’appropriant un droit qui n’était pas le sien, qu’il ne méritait pas. Il ne voulait pas se retrouver dans le rôle de son père un jour et frapper son fils parce que ce dernier jouait trop bruyamment, il ne voulait pas non plus regarder le sang de son unique enfant couler avec indifférence, de loin, de haut, sans rien voir ou dire … tout en portant également les ecchymoses des mêmes coups. Il était le seul à décider de sa valeur et il venait de choisir qu’il valait plus.

Quand il mit les pieds dehors, ce soir-là, à a peine 13 ans, ce n’est pas la vie d’un sans domicile fixe qui lui traversa l’esprit, bien loin de là. C’était la liberté. Et il n’hésita pas une seule seconde, sans un regard en arrière, il s'élança dans les rues. Un océan de possibilités s’ouvrait à lui et il s’en saisit à pleines mains. Il apprit rapidement que du pont sous lequel il dormait la nuit, jusqu’à la bibliothèque, il n’y avait que vingt minutes de marche. Que s’il prenait la troisième à gauche, il retrouvait la boulangerie de Mrs. Lewis et que la vieille dame était sensible à ses sourires. Il repartait souvent avec quelques viennoiseries. Il y avait toujours ceux, évidemment, qui posaient les yeux sur lui et ne voyaient qu’un gamin abandonné, un enfant battu mais Ji prenait tellement de plaisir à leur démontrer qu’il n’était pas juste ce qu’ils voyaient qu’il s’en amusait plus qu’autre chose. Pas d’école pour lui et pourtant, il apprit plus qu’il n’en fallait dans les livres qu’il dévorait à la bibliothèque. Assis au fond, près des fenêtres, il ne relevait la tête des pages que pour regarder les lycéens quitter leur établissement scolaire en fin d’après-midi. Ils avaient des vies toutes tracées, des futurs qui n’acceptaient qu’un seul chemin. Certes, il avait aussi le confort, la famille, l’amour, les éclats de rire insouciants et les viennoiseries chaudes, mais Ji ne voyait rien de tout ça. Il ne voyait que l’unique chemin sous leurs pieds quand lui, lui en avait une centaine qu’il s’amusait sans cesse à redessiner. Il lui fallut moins de deux ans pour décider qu’il pouvait pousser la rupture encore plus loin et pour abandonner sa ville natale loin derrière lui. Il y avait des bibliothèques partout et l’idée de manquer celle qui contiendrait LE livre lui déplaisait au plus haut point.

Quand arriva sa dix-huitième année, Ji était aussi instruit, voire plus, que les jeunes de son âge. La vie dans la rue avait sculpté sa silhouette, l’allongeant, l’élançant, rendant ses pas aériens et rapides. Personne ne l’avait jamais cherché et quand il y repensait, le soir avant de s’endormir roulé en boule dans le petit coin au chaud qu’il s’était trouvé juste avant, il remerciait celui à qui il devait ce bonheur personnel. Il y avait de la rancœur en lui, de la colère, de la rage même, de la violence et de la douleur, mais également de la joie, de l’humour, de la malice et du plaisir de vivre et Ji préférait largement la compagnie de ces derniers sentiments aux premiers … C’était un combat de tous les jours, un combat qu’il menait la tête haute et avec fierté. Son droit d’être humain, il était en train de le gagner. Il en était si proche, désormais. Si proche.

Mais la vie ne pouvait pas s’arrêter là. Les beaux jours ne pouvaient pas être tous derrière lui. Il y avait sûrement plus à faire, plus à découvrir et à savoir. Cette idée le rongea de longs mois alors qu’il délaissait sa bibliothèque bien aimée pour guetter du coin de la rue la sortie du lycée avec jalousie et frustration. Il avait l’impression de redevenir cette arbre pourri qui penchait ridiculement sur le côté sans rien pouvoir y faire. Ses vingt ans approchaient et il était seul, abandonné. Il était né sous le statut d’erreur et personne n’avait jamais essayé de le réparer. Il le ressentait plus que jamais. Il avait bien essayé de se sentir à l’aise et confortable dans les ténèbres mais ça ne marchait plus. De toutes les possibilités qui lui étaient offertes, il ne restait plus grand-chose quand il les comparait à celle qu’un gosse doté de parents et d’argent pouvait avoir. Les gens devenaient tous impardonnables et l’odeur des viennoiseries que Mrs. Lewis continuait de lui offrir était viciée. Il avait essayé de conquérir le monde, et au final … c’était le monde qui l’avait conquis.

On vint le trouver quelques heures avant l’aube. Encapuchonnées, les silhouettes lui tendirent la main comme si elles n’avaient jamais cherché que lui. Il était couché à même le sol, recouvert de terre et de poussière, invisible aux yeux du monde, et elles s’étaient avancées d’un même mouvement dans sa ruelle, oubliant le monde à son profit. Ji n’hésita pas le quart d’une seconde avant d’attraper cette main gantée. On lui parla de Dieu, de sa volonté, du Christ, de l’amour que le Créateur lui portait, comme à tous ses autres enfants. On leva les yeux au ciel quand il murmura qu’il ne le méritait pas et on lui affirma qu’il était exceptionnel et que Dieu n’était pas sans savoir qui était Ji Quan. Quand il osa demander qui il était, puisqu’ils avaient l’air de si bien le savoir, aucun des hommes d’Eglise ne prononça le mot d’erreur ou d’arbre pourri. C’était une honte, selon eux, qu’il se soit habitué à tant de misère et ils étaient là, parce qu’il avait le droit, le droit, d’être humain comme les autres. Ji en oublia ses démons et ses jalousies, trop heureux de renouer avec son vieux rêve pour se retourner une seule fois et les accompagna. Il frissonna quand on lui conta les méfaits accomplis sur Terre par les serviteurs de Satan et s’inquiéta rapidement du sort des autres humains quand on lui avoua que Lucifer lui-même risquait de fouler leur terre bien aimée plus tôt qu’il ne le pensait.

Il avait compris ce qu’il devait combattre et gagner au premier coup de son père. Il comprit que la bataille était perdue et qu’on lui retirait tout au premier coup des hommes d’Eglise.

Le temps devint filandreux et l’air qu’il inspirait difficilement lui laissait toujours un goût métallique sur la langue. Il mit longtemps à comprendre que c’était le goût de son propre sang qu’il respirait. Toutes les vérités qu’ils lui avaient murmurées devinrent mensonges et Ji s’accrocha à la haine et la colère qui lui brûlaient les veines presque aussi douloureusement que la torture sans fin qu’il subissait pour ne pas perdre la tête. Il oublia qu’il y avait un monde en dehors des murs, qu’il y avait un ciel et un sol, que des fois il pleuvait. Il en oublia les viennoiseries de Mrs. Lewis et les odeurs des restaurants derrière lesquels il attendait autrefois ses repas. Il en oublia même à plusieurs reprises son prénom. Sur son bras trônait le tatouage qu’on lui avait fait après sa première journée de torture. Il était désormais 9GS-73B1. Il n’était plus rien, plus personne. Un jouet pour ses tortionnaires qu’ils ne cassèrent jamais et il comprit rapidement qu’il ne devait pas compter sur la mort pour s’échapper.

Il n’y avait pas de pardon, sifflaient les voix autour de lui. Il n’y avait pas d’autres issues pour lui que celle de servir. Il ne manquerait à personne, il n’était rien, une erreur, une pourriture. Il méritait l’abandon, la mort et l’oubli et il devait s’estimer heureux qu’ils soient venus jusqu’à lui. Parfois, Ji y croyait, parfois il se laissait bercer par l’éternelle reconnaissance qu’il devait à ces hommes et quand il se réveillait en hurlant dans la minuscule prison dans laquelle on l’enfermait pendant les nuits où il ne subissait aucune torture, c’était la peur panique de glisser dans le trou qu’ils creusaient sous ses pieds qui surpassait les douleurs de son corps tout entier. Il s’accrochait à cette peur, il tentait de s’en faire un barrage, un maigre rempart contre le lavage de cerveau qu’ils essayaient de lui faire subir. Il avait oublié son prénom et ce qu’il avait pu être, mais il savait toujours ce qu’il ne voulait pas devenir. Il désirait mourir plus que tout au monde, mais pas comme ça, pas de cette façon. Physiquement. Il ne voulait pas mourir en disparaissant totalement pour n’être qu’une fabrication, une arme de guerre …

Parce qu’on le modifiait, on s’amusait et on s’essayait à plusieurs choses sur son corps, dans son corps, jusqu’aux tréfonds de son âme. Parfois il perdait connaissance quand on le triturait et c’était toujours un salut qu’il accueillait avec soulagement. D’autres fois, on l’obligeait à regarder ce qu’on lui faisait subir. On lui injecta des dizaines de produits. L’un d’eux était noir comme la nuit, aussi épais et visqueux que le sang et quand il le sentit couler dans ses veines pour la première fois, entre deux hurlements de douleur, Ji crut voir s’envoler devant lui, tout auréolé de lumière son droit de d’être appelé « humain ». Il chercha à combattre, au début, les pulsions animales qui le dominaient parfois mais il abandonna rapidement sous les coups et les tortures qu’on lui faisait subir et se pliait aux ordres qu’on lui crachait à la figure. Il souleva par la pensée tel ou tel objet, étouffa tel ou tel homme qu’on avait placé à cet effet en face de lui et tenta même de se téléporter. Jamais il ne réussit et les coups s’abattirent sur lui avec une telle véhémence qu’il craignit longtemps encore qu’on lui demande de retenter le coup.

Il avait compris ce qu’on faisait de lui, ce qu’on voulait qu’il devienne. Les injections étaient nombreuses, différentes, et à celles d’un noir d’encre s’ajoutèrent rapidement d’autres, d’un bleu luminescent et électrique. Ce fut la seule fois où Ji s’abaissa à supplier et bien que vidée de toutes ses forces, il regarda la seringue s’approcher de son cou en pleurant. Plus jamais il ne serait humain et il ne pourrait plus prétendre au titre. Il n’était même pas l’arbre pourri qu’il avait craint de devenir, comme ses parents, il était bien pire. Il était la peste, le mal incarné, il était perdu à jamais.
Il était 9GS-73B1.

Il n’était pas la seule victime du projet des Hommes d’Eglise et il croisa le regard des autres à plusieurs reprises. Avec le temps, leurs yeux changèrent et il devina sans grand mal que les siens suivaient le mouvement. Certains devinrent aussi noir que le liquide qu’on lui injectait, d’autres virèrent au rouge, ou perdirent toute trace de couleur laissant place à un blanc sinistre traversé de petites veines explosées. Les siens brillaient dans la nuit, d’un bleu pâle, presque blanc et s’il lui était resté quelques forces quand on le jetait dans sa cellule d’à peine deux mètres carré, il les aurait arrachés pour ne pas avoir à regarder les scintillements sur la pierre froide. Il n’échangea jamais aucun mot avec ses compagnons de fortune, de toute façon, ils n’avaient plus rien à dire.

Tu n’es rien. Un monstre. Un monstre. Monstre.

Un matin, personne ne vint le chercher dans sa cellule. Tordu pour pouvoir être allongé de toute sa taille au sol, Ji ne releva même pas l’information. Il ne voulait pas ouvrir les yeux avant d’en être obligé, il ne voulait pas qu’ils scintillent, Il ne voulait pas bouger et ressentir la douleur dans chacune des fibres de son corps avant qu’on ne le pousse à se relever. S’il ne pouvait pas mourir, personne ne pouvait l’empêcher de prétendre être mort en restant immobile par terre comme ça. Dans le silence pesant qui lui faisait espérer qu’il était bel et bien en train de rendre son dernier souffle, il entendit un craquement, de l’agitation au loin, d’autres craquements, des craquements étranges qu’il n’arrivait pas à identifier, des bruits de pas pressés qui s’en allaient, il sentit, bien avant tout être humain, la chaleur du feu qui se propageait quelque part dans le bâtiment. Il n’esquissa aucun mouvement. Si le feu se rapprochait, il allait mourir. Asphyxié ou brûlé, il n’accordait aucune importante aux détails, il accueillait juste cette sortie de secours avec un soulagement invisible. Il n’avait jamais vécu mais il allait bel et bien mourir. Les larmes ne tardèrent pas ruisseler sur ses joues. Enfin. Si seulement il pouvait mourir en se rappelant de son prénom … si seulement …

Tout s’enchaîna rapidement, même pour lui qui voyait les petits grains de poussières bouger au ralenti dans la lumière. Le feu, désormais tout proche, brûla quelque chose qu’il ne fallait pas, ou exactement ce qu’ils avaient cherché à faire brûler et tout explosa. La déflagration fit tomber les murs de sa cellule et le projeta dans les airs. Il poussa un cri de douleur qui le blessa tout autant que le reste. Il ne criait plus pour si peu, désormais, mais l’explosion l’avait surpris. Il avait été tellement sûr de mourir et voilà qu’il ressentait de nouveau … Il avait été pris de court. Mais heureusement pour lui, il était en mauvaise posture, enfoui sous les décombres, il avait peu de chance de s’en sortir. S’il n’y restait pas, le feu se chargerait de le faire disparaître définitivement. Mais des bruits de pas assurés et pressés chassèrent son maigre espoir avec une telle violence qu’il dut se mordre les lèvres avec violence pour ne pas se remettre à pleurer. Un jeune homme se pencha sur lui et lui agrippa le bras sans hésiter un instant. Il était habitué au dégoût de ses tortionnaires quand ils approchaient leurs mains de lui et ce simple contact le brûla si vivement qu’il jeta un regard à ses pieds, persuadé que les flammes étaient déjà en train de lui lécher les orteils. Il n’y avait rien.

Il avait entrevu une sortie, il avait réalisé qu’il pouvait mourir s’il le voulait et il ne laisserait plus personne lui retirer cet espoir, aussi, à peine remis debout, il plaqua son « sauveteur » au sol et laissa la bestialité qui dormait quelque part dans ses entrailles désormais se pourlécher les babines à l’idée de mettre fin aux jours de ce salopard. L’odeur de ce dernier l’enveloppa aussitôt et alors que Ji pensait sincèrement y trouver toutes les preuves du monde qu’il avait souffert par les mains de cet homme, rien ne vint. La chaleur surpassa la bestialité et sceptique, il se redressa sans lâcher le regard du jeune homme qui se relevait, sur les aguets.

    « T'es pas avec eux toi. »


Ils avaient réduit son monde et il ne restait que plus eux, et lui. S’il n’était pas avec eux, il était avec lui.

Il reparlait pour la première fois depuis des mois, pour laisser passer un autre son que celui de ses cris de douleur et c’était la simple présence de ce jeune homme, aux traits fins et typés, comme lui, qui avait tout déclenché. Ji dévisagea avec intérêt son visage. Ce qui le frappa avant tout, ce furent ses yeux. Ils n’étaient pas lumineux, brillants, rouges, noirs ou blancs, ils étaient normaux. Il y avait un iris, une pupille et même si à première vue, ils paraissaient froids, glacials et abandonnés, Ji y vit plus que ce qu’il voyait dans le regard des « autres ». Quitte à mourir, il aurait aimé que ce soit dans les méandres vertigineux qu’il distinguait au fond de ce regard.

Des bruits de pas précipités résonnèrent derrière eux et sans la moindre hésitation, l’inconnu balança son bras en avant, vers lui et le poussa sur le côté. Ji avait vu cette main s’approcher de lui avec une appréhension violente et bien qu’il ait eu largement le temps de s’écarter de sa trajectoire, il n’esquissa aucun mouvement et se laissa tomber sur les décombres. Ebahi, il regarda le jeune homme exécuter sans aucune hésitation les hommes d’Eglise qui se ruaient sur eux. Il n’avait visiblement pas besoin d’aide et roulé en boule sur les pans des murs déchiquetés par l’explosion, Ji aurait été de toute façon bien incapable de faire la moindre chose pour lui. La vue des insignes sur les longues robes poussiéreuses le paniquait tellement violemment, comme ça avait été le cas il y avait très longtemps, quand il croyait encore qu’il pouvait s’échapper et survivre. C’était son « sauveur », c’était à cause de lui. Il préférait être dans l’immobilité, dans l’habitude de son triste sort mais il avait suffi d’un regard et d’un contact du jeune asiatique pour lui rappeler cette époque où tout n’était que possibilité. La possibilité de survivre en faisait également partie.

    « Il y en a d'autres, n'est-ce pas ? Où sont-ils ? »


Ji frissonna aux intonations chaudes et graves, toujours blotti contre ses blocs de pierre comme pour se forcer à revenir dans la réalité, dans le monde où il n’avait pas d’autres destins que celui de souffrir. L’espoir était comme une coulée de lave dans ses veines mais aussi bon était-il pour lui à cet instant précis, il savait pertinemment, car il n’avait jamais pu l’oublier, la douleur qui survient quand son espoir se fait déchiqueter.

    « Enfuis... morts... j'en sais rien. Ils ont mis le feu et ils se sont tirés ces bâtards. »


Ses doigts tentèrent en vain de s’agripper à la surface lisse de la pierre à cette idée. Il était seul, personne n’avait essayé de le sortir des décombres, personne sauf l’inconnu qui se tenait, solidement campé devant lui.

    « C’est quoi ton nom ? »


Ji resta immobile en fixant les yeux du jeune guerrier rivés sur lui. Il ne pouvait pas répondre 9GS-73B1. Pas à lui. Il avait eu un nom et ce dernier lui revint tout naturellement en mémoire, tout comme l’avait fait l’espoir et ce n’était que grâce au regard que l’inconnu posait sur lui.

    « Euh … Ji … et … et toi, c’quoi ? »


Et comme par réflexe, il cacha son bras tatoué. Son geste se révéla parfaitement inutile étant donné que le jeune homme lui tournait désormais le dos, en position d’attaque, prêt à faire face aux hommes d’Eglise qui pouvaient encore arriver. Avec stupeur, Ji détailla du regard la silhouette de son défenseur. C’était peut-être un piège. Peut-être que les hommes s’étaient rendus compte qu’il n’était pas encore tout à fait brisé et avait mis au point cette nouvelle torture rien que pour lui. Peut-être qu’on lui offrait tout ce qu’il avait déjà perdu pour tout lui reprendre ensuite, une bonne fois pour toutes. Peut-être que c’était la dernière fois qu’il prononçait son prénom … Mais et si c’était le cas ? Serait-ce si grave ? Il était heureux de s’être rappelé de son prénom pour pouvoir le dire au jeune homme et si c’était pour pleurer et hurler par la suite, tant pis. Il aurait un visage et un regard auxquels se raccrocher et il avait la sensation que ce serait là une meilleure branche de secours que sa colère et sa haine …

    « Ash. »


Ji se leva pour toute réponse et prit place juste derrière le prénommé Ash. Si c’était là exactement le rôle que les hommes d’Eglise voulaient qu’il joue, il allait le jouer à la perfection. Il était à l’aise avec le script pour la première fois depuis une éternité.

    « Ils doivent tous mourir et cet endroit doit être détruit. »


Ji ne répondit rien. S’il faisait partie de ceux qui devaient mourir, et bien il mourrait. L’idée n’était pas si déplaisante que ça. Il avait rêvé d’avoir plus qu’un pied dans la tombe et il était même prêt à creuser lui-même sa propre sépulture. A cette idée, un léger sourire naquit sur ses lèvres gercées et avant même que son ombre ne disparaisse, la situation s’était, une fois de plus, accélérée. Il n’y avait pas d’hommes d’Eglise, il y avait un des « lui ». Les yeux rouges qui se rivèrent sur eux étaient enflammés, furieux, enragés et la folie meurtrière que Ji sentait lui-même vicier ses entrailles déformait le visage du jeune homme en face d’eux. Tout se déroula en quelques secondes. Ji vit Ash voler dans les airs et il se précipita à son tour en avant. L’enfer se déchaîna en lui. Il n’y avait plus rien d’humain dans son corps, dans sa tête, ils lui avaient tout pris. La bestialité et la fureur qui avaient élu domicile dans les moindres recoins de son être brisèrent leurs liens et il ne fallut à Ji que quelques courtes minutes pour décapiter d’un simple geste l’autre modification génétique. L’autre « lui ».

Il retourna rapidement sur ses pas et releva sans la moindre difficulté le corps d’Ash, dans les vapes. La menace toujours présente au-dessus de leurs têtes, Ji se faufila en dehors du bâtiment à moitié en ruines et s’enfonça dans la ruelle derrière ce dernier, le corps d’Ash toujours serré dans ses bras. Dans la frénésie et la panique, il n’avait pas arrêté de lui parler un seul instant et lui-même n’était pas très sûr de ce qu’il balançait. Il parla d’un arbre qui penchait, d’os qui craquait et il le remercia de nombreuses fois, comme en plein délire, de l’avoir sauvé. Il finit par l’allonger à l’abri des regards et sur le point de tourner les talons et s’enfuir, un petit éclat argenté attira son regard.

Ji s’agenouilla près d’Ash et resta ainsi de longues minutes, le regard rivé sur la veste du jeune homme et sur le petit éclat argenté dessous. Il savait ce qu’il allait voir s’il écartait les pans du vêtement mais quand il le ferait, ça deviendrait réel. Ce ne serait plus un éclat et il ne voulait pas. De là où il se tenait, ça pouvait être encore bien des choses … et pourtant, de ses doigts tremblants et encore rougi par le sang, il écarta la veste d’Ash. La vue de l’insigne fut comme un coup de poing sur ses côtes déjà cassées et désespéré, Ji se prit la tête entre les mains et pleura. Il pleura encore et encore, toutes les larmes qu’il avait préférées garder pour lui ces derniers mois. Puis elles finirent par se tarir et il ne fit bientôt plus que gémir de désespoir. Et quand il commença à pleuvoir et qu’il veillait toujours sur Ash, il dut se rendre à l’évidence. L’insigne n’était pas grand-chose, finalement. Ses tortionnaires avaient réussi à lui faire oublier tellement de choses, de bonnes choses, avec la douleur. Il pouvait choisir d’oublier celle-là avec la douceur. Ash l’avait sauvé, malgré son insigne. Et il avait le choix, pour la première fois depuis tellement longtemps, il avait la possibilité de croire ce qu’il voulait. Il déposa un baiser sur le front du jeune homme, le remercia une nouvelle fois dans le creux de l’oreille et tourna les talons pour sortir de la ruelle. Il ne pleurait plus, ne gémissait plus. Il n’était pas mort, pas encore vivant, mais il pouvait désormais choisir tout seul ce qu’il serait grâce au jeune homme allongé à quelques mètres derrière lui. Reconnaissant, il offrit à Ash le seul cadeau qu’il avait : il prenait la fuite, les mains ensanglantées, et lui donna l’occasion de vivre sans le monstre qu’il était désormais.

Devant le bâtiment, il trouva une des voitures noires dans lesquelles il avait été engouffré quand les hommes étaient venus le chercher. Plein d’aigreur, il en vola une et traça la route. Il ne s’arrêta que plusieurs heures plus tard, à Minneapolis. Là, il passa plusieurs jours enfermé dans la voiture. L’immensité de la ville et le ciel qui surplombait les bâtiments l’effrayait et se rendre compte qu’il avait perdu l’habitude de la nature qui avait été son domicile pendant si longtemps le mit dans une rage tellement violente qu’il déchiqueta la banquette arrière de la voiture avec ses ongles et ses dents avant d’y enfouir son visage et d’hurler. Il hurla tellement longtemps que sa voix déjà affaiblie s’érailla et disparut. Fatigué et lassé, caché entre les fauteuils avant et la banquette arrière, les muscles endolories à cause de sa position, son esprit s’envola directement vers Ash. Il pouvait revenir vers lui ou il pouvait lui faire honneur et mener une vie banale. S’il retournait vers lui, il prenait le risque de le blesser. Il n’était plus humain, il ne maîtrisait rien … Alors il sortit de son trou et fouilla la boîte à gants. Avec les sous qu’il trouva, il courut s’acheter des lentilles marrons pour cacher ses yeux. Il ne lui fallut que quelques jours pour vendre la voiture et avec l’argent récolté, il loua un petit studio, le plus petit qu’il trouva. Une semaine plus tard, il avait un poste de serveur dans un simple coffee shop.

Un mois plus tard, il sourit à un client.
Deux mois plus tard, il eut ses premiers jours de repos d’affilés.

Il sauta dans une voiture de location et se précipita là où il avait laissé Ash des semaines plus tôt. Son odeur était toujours présente, tout du moins assez pour que lui, il la capte. Inquiet, il la suivit à la trace et plusieurs heures plus tard, il retrouva la silhouette familière à la fenêtre d’un motel. Rassuré, il remonta dans sa voiture et retourna vers Minneapolis.

Il répéta son petit manège à chaque fois qu’il le pouvait, traçant Ash dans pratiquement tout le pays, retournant à chaque fois au dernier endroit où il l’avait aperçu et suivant son odeur jusqu’à être rassuré de le voir bien vivant, il retournait ensuite dans son petit studio et reprenait le cours de sa vie, discrètement, silencieusement. Il se réveillait pratiquement toutes les nuits en hurlant et parfois, il finissait même les nuits roulé en boule sous son lit, glacé jusqu’au sang. Le temps passa et il arrêta de guetter les voitures noires par sa petite fenêtre. Il commença même à fermer ses volets, maintenant pratiquement sûr qu’il reverrait la lumière du jour le lendemain matin. Chaque jour, dans la douche, il frottait son bras comme un forcené mais jamais les numéros ne s’estompèrent. Parfois il oubliait qui était Ji et ne se souvenait que de 9GS-73B1. Ses pouvoirs ne disparurent jamais et sa maîtrise en était tellement brouillon que les accidents étaient nombreux. La douleur ne partit jamais non plus et les cauchemars restèrent réalistes. Mais Ji tint bon. Il avait vécu pire que ça.

On lui avait fait un cadeau il y avait de ça maintenant deux longues années et il comptait bien l’honorer du mieux qu’il le pouvait.


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Ashdan

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MessageSujet: Re: Ji Quan - I am, I am a monster Ji Quan - I am, I am a monster  Icon_minitimeJeu 23 Mai - 12:46

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Voilà ♥
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MessageSujet: Re: Ji Quan - I am, I am a monster Ji Quan - I am, I am a monster  Icon_minitimeJeu 23 Mai - 19:07

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Neela P. Graham

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MessageSujet: Re: Ji Quan - I am, I am a monster Ji Quan - I am, I am a monster  Icon_minitimeDim 26 Mai - 8:01

Ta fiche est parfaite et je te valide avec un immense plaisir Ji Quan - I am, I am a monster  139673576

Tu sais ce que tu as à faire, donc, je te le répète pas Ji Quan - I am, I am a monster  3508649203

Amuse-toi bien avec ce nouveau compte Ji Quan - I am, I am a monster  142938048
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MessageSujet: Re: Ji Quan - I am, I am a monster Ji Quan - I am, I am a monster  Icon_minitimeDim 26 Mai - 10:51

Merci ♥
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MessageSujet: Re: Ji Quan - I am, I am a monster Ji Quan - I am, I am a monster  Icon_minitime

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