{Topic du hasard}Quand un démon essaie de passer inaperçu aux yeux de l'archange Gabriel

Acte I Scène 1

Tch. Je déteste les mégalopoles. Un énorme rassemblement d’humains, tous agglutinés selon leurs ethnies et niveau sur l’échelle sociale. Prenez en compte la nature insalubre et instable de la majorité d’entre eux, et vous obtiendrez, à coup sûr, une cible parfaite pour tous type de démon. Et plus grande la cité, plus grande est la folie qui l’habite… Period. Il devient difficile de dire si les meurtres, viols et autres joyeusetés sont dus à l’action d’un monstre quelconque… ou bien s’il s’agit tout simplement d’une des nombreuses autres horreurs que la nature humaine est capable de pondre, à partir de rien.

Magique.

Et donc, me voilà, au beau milieu de New York. Je ne sais même pas pourquoi j’ai pris ce job. Je dois devenir pingre… tellement besoin d’amasser de l’argent que je prends tout ce qui passe, rose ou lilas. Au moins, Derek sera content : pas de pneumonie ni de bleu, cette fois-ci. Enfin, si tout se passe comme prévu. J’ai un certain don pour faire en sorte que mes plans, même les mieux ficelés, foirent d’une manière aussi ridicule que spectaculaire. Non, honnêtement, c’en est de l’Art. Je m’en étonne moi-même. Prenons ce contrat, par exemple : simple, il semblerait qu’un serial killer tue quelques personnes dans le Bronx, une fois la nuit tombée. Sur le principe, rien d’anormal. Le problème, c’est qu’il mutile ses victimes, à chaque fois d’une méthode plus originale. Une jambe, un bras… en fait, il pourrait presque se faire un nouveau corps.

Vous connaissez le motto du Bronx ? « Ne cède pas devant le Mal ».

Hilarant.

C’est là que j’entre en jeu. Apparemment, le malade en question a tué une personne qu’il ne fallait pas, et j’ai donc quelques billets à me faire facilement. Le plan est on ne peut plus simple : on va sur place vers une heure du matin, on se planque sur les toits histoire de couvrir une plus grande distance, et on attend. On repère la cible, on la dégomme, affaire classée. Bilan des pertes : Derek se réveillera certainement avec quelques muscles ankylosés, et ma patience aura légèrement été émoussée à force de sauter d’immeubles en immeubles pendant des heures avant de trouver quoi que ce soit. Pourtant, j’avais comme le pressentiment que cette affaire allait notoirement se compliquer.

Allez savoir pourquoi.

Dans un bruissement de vêtements furtif, je me faufilais de toits en toits, m’arrêtant de temps à autres pour jeter un œil en contrebas. Pour l’instant, rien d’inquiétant : deux tentatives de viols, abruptement arrêtées pour cause de chute d’escaliers de secours, un braquage dont l’arme du braqueur s’était mystérieusement enrayée, et une prise de bec ridicule entre gangs. Là, par contre, ils se débrouillent. Vous vous demandez peut-être pourquoi j’ai aidé trois pauvres humains, cette nuit ; la réponse tiens en cinq lettres.

- Raven, qu’est-ce que tu fais ? Ils allaient s’entretuer !
- Derek…
- Quoi ?
- Ta gueule.

Il est bien gentil, le bisounours. Mais jouer les super-héros, ça va bien cinq minutes. Pas que ça à foutre d’aider des vieilles rombières à garder leurs économies de l’année. C’est dur, mais faut faire avec. On serre les dents, et on attend que ça passe. Et puis, honnêtement, je ne vois pas de quoi la plupart des humains se plaignent. J’entends toujours que c’est la fin du monde, que la guerre devient de plus en plus horrible, qu’avant c’était mieux… sortez vous la tête du sol et regardez un peu autour de vous. Nous sommes dans le Bronx, deux heures quarante-trois du matin. Des centaines de milliers d’humains vivent en ce moment, paisiblement, en train de dormir. Le jour, ils se lèvent, prennent leur voiture, déposent les gosses à l’école et vont tranquillement bosser afin de payer de quoi se nourrir. Couchez-vous, recommencez.

La criminalité dans le Bronx est à peu près équivalente aux abords d’un village tranquille d’Angleterre aux alentours du quinzième siècle, pas très loin des routes commerciales. Très tranquille. La vie est dure, mais la technologie et les lois l’ont rendu bien facile, en comparaison de ce que vos ancêtres ont enduré. Alors arrêtez de vous plaindre, et profitez. Et si ce n’était pas pour cet imbécile de Derek, j’en aurais laissé quelques-uns morfler un peu. Mais il a un sens un peu aigu de la justice. Et il crie fort.

- Tu veux les laisser s’égorger ?
- Ce sont des gangs. La plupart de ces types ont tués plusieurs personnes. Si ça ne tenait qu’à moi, je serais allé m’assurer qu’il y ait « match nul ».
- C’est une raison pour laisser des gens mourir ?

Je m’arrêtai sur le toit d’un immeuble longeant la cent-soixante-cinquième, et poussai un long soupir.

- Il te reste combien sur ton compte… ?

Silence.

- Derek ?
- …je suis à découvert…

Facepalm. Mister Sullivan avait tendance à devenir… passablement emmerdant quand il n’avait plus d’argent. Encore heureux que nos comptes soient séparés.

- Comment t’as fait ça ?
- J’ai joué au Casino…entre le Blackjack, le Poker et la Roulette, j’ai tout perdu.
- Tu peux me donner une bonne raison pour laquelle tu es allé au Casino… ? lâchais-je avec lassitude.
- Ben… je t’avais vu faire, donc je m’étais dit qu’à partir du moment où l’on connaissait les règles…
- Derek, je trichais ! J’utilisais mes pouvoirs pour changer la donne des cartes et lire dans les esprits ! Comment est-ce que tu pouvais penser que je gagnais ça au talent ?
- …Ah. Ca explique pas mal de choses.

Derek, Derek, Derek…plus niais, tu meurs. Ah…il était d’ailleurs tellement niais qu’il en serait mort, si je n’avais pas été dans le coin. Bien, maintenant que le problème était réglé, j’allais probablement pouvoir m’amuser tranquillement. Reprenant un pas de course, j’accélérais progressivement jusqu’à courir à pleine vitesse, attendant le dernier moment pour lancer une impulsion dans les jambes qui me propulsa à près de trois mètres de haut. Un corps humain normal ne tiendrait pas beaucoup de temps à ce régime ; heureusement, j’ai investi dans quelques protections pour Derek. Et honnêtement, c’est même très confortable, des semelles orthopédiques de quatre centimètres d’épaisseur. Cher, mais confortable.

La cent-soixante-cinquième rue était une des artères principales du Bronx. Dans et autour de cette rue, on pouvait trouver absolument tout ce que l’on voulait. Mais le commun des mortels y trouvait surtout ce qu’ils ne voulaient pas. Et les démons comme moi n’y trouvaient pas ce qu’ils voulaient… pourquoi les tueurs fous sont-ils si difficiles à attraper ? Je ne demande pas grand-chose, pourtant. Qu’il attaque quelqu’un qui le voit arriver. Avec l’ouïe dont nous autres démons disposons, où qu’il soit dans les quelques douze kilomètres à la ronde, nous pourrions le repérer instantanément.

Ma patience commençait à s’émousser. Après une heure de recherche, voilà que j’entamais déjà mes réserves. Pas que je me fasse du souci : je me suis déjà trouvé dans des situations plus frustrantes, et si la patience était cotée en Bourse, je pourrais vivre de mes intérêts. Mais quelque chose dans l’atmosphère me rendait nerveux. La ville, peut-être ? Possible. Quoiqu’il en fût, je savais que si je ne trouvais pas quelque chose à me mettre sous la dent dans la prochaine heure, j’allais rentrer me prendre un bain bien chaud. Avec des bulles. Et laisser Derek se débrouiller avec ses bleus.

Un mouvement à la périphérie de mon champ de vision attira mon attention ; avec un double take, je me rendis compte qu’un autre groupe de gangsters allait agresser quelqu’un. Je haussai un sourcil : à un contre cinq, la « victime » paraissait plutôt décontractée. Un homme qui allait vers la trentaine, bien habillé. Visiblement, son attitude irritait celui qui semblait être le leader du groupe. Forcément, dès qu’on avait l’air d’avoir de l’argent, on devenait une cible de choix. A plus forte raison si seul et isolé. La scène avait un air de déjà-vu…Oh. Ca me revient.

- Raven...
- Oui, j’ai vu, fis-je d’un ton irrité.

Avec un soupir de résignation, je descendis de mon perchoir en silence, utilisant la télékinésie pour ralentir ma chute et atterrir sans un bruit parmi les ombres d’une rue adjacente. Le bruit caractéristique d’un cran d’arrêt parvint jusqu’à mes oreilles alors que j’arrivais au croisement des deux ruelles. Je m’arrêtai en plein élan.
Suspendu à quelques centimètres au-dessus du sol, le caïd se débattait contre une poigne invisible, les mains sur sa gorge. Les autres gangsters le regardaient, incrédule, tandis que la « victime » de tout à l’heure tendait un poing crispé. Je me permis de hausser un sourcil, puis laissai un sourire carnassier étirer mes lèvres. Peut-être que la nuit allait devenir intéressante, après tout.

Tandis que leur boss se faisait étrangler, les bandits s’enfuirent sans demander leur reste ; d’un geste fluide, l’homme envoya le leader voler contre mur, puis dans des ordures. Pas de mouvement. Je glissais une main dans la poche intérieure de mon manteau, mon sourire toujours figé sur mon visage. Je sortis une petite flasque, puis vérifiais que mon Benelli était bien accroché à la doublure, avant de sortir de l’ombre où j’étais.

- Hey, Dark Vador !

Avec un mouvement ample, je jetais le contenu de la flasque sur l’homme, respirant l’arrogance d’une victoire facile.

- Cuvée deux mille six !

« Raven & Gabriel »

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Qu'est-ce que ce cher Gabriel faisait à New-York ? Hé bien il avait accompagné Nick, oui celui-là même, celui qui le suit partout comme un brave toutou ! M'enfin bref, il l'avait accompagné pour qu'il aille voir sa femme et sa fille. Et puis au fond ça ne l'embêtait plus. A vraid ire il s'était attaché à cette petite fille tellement adorable. Attention ! Il n'avait pas changé de caractère hein ! Mais cette petite était trop gentille qu'il devenait nettement plus sympa quand il était avec elle. Généralement il ne restait pas plus qu'une demi-heure avec eux, il préférait les laisser en famille et lui n'aimant pas trop les effusions d'amour, il fonçait dans un bar boire un verre, voir plus et draguer des filles et plus si affinités.

Ce soir il avait jeté son dévolu sur une belle brune, yeux bruns et des mensurations qui collaient au type de fille auxquelles Gabriel ne résistait pas. Il l'invita à boire quelques verra, ils étaient parfaitement bourrés tout les deux, l'archange beaucoup moins que cette jeune femme, quoique un ange peut-il être soul ? Je peux le confirmer en partie oui, en voyant ce cher Gabriel. Après une partie de jambes en l'air entre les deux amants, Gabriel s'éclipsa en un clin d'oeil de la chambre. Il atterri en pleins milieu de la foule, il devait être trois heures du matin, si bien qu'on ne le remarqua pas. Il se faufila entre les gens, habillé de son sempiternel costume de pingouin. Il n'était pas tout le temps fagoté ainsi mais aujourd'hui il avait envie de le mettre, allez savoir pourquoi. Enfin c'était Gabriel.

Il sentit une présence dans son dos. Vous allez me dire normal avec la foule de New-York. Mais là il sentait que quelque chose allait se passer. Et qu'il en était la cible. Pourquoi s'en prendrait-on à lui ? Parce que c'est un ange. Mais celui qui se frotterait à lui le regretterait bien. Parce que sous son allure de beau gosse se cache un gros dur ! Et il n'a pas peur de taper ! Loin de là si on le fait trop chier c'est ce qui arrive et il en a envoyé plus d'un rôtir en enfer croyez-moi ! Et ce soir, c'est ce qui allait arriver à la petite bande de jeunes caïds qui comptait s'en prendre à lui ! Il se dirigea consciemment vers une petite ruelle sombre pour leur faire goûter aux pouvoirs que détenaient l'ange. C'est avec un sourire moqueur quand il se retourna vers ses futurs agresseurs.

Gabriel « Je peux savoir pourquoi vous me suivez jeunes gens ? »

Leader « Files-nous ta tune et tes bijoux gars ! »

Gabriel « Je ne pense pas avoir compris de quoi vous me parlez. On ne parle certainement pas la même langue. »

Leader « Ta tune ! Tout de suite ! »

Gabriel « Ma tune ? »

Gabriel savait parfaitement de quoi il parlait mais feignait l'ignorance. Ce qui énervait l'homme, qui semblait être le leader du groupe, et ce qui amusait fortement Gabriel. L'homme reprit la parole :

Leader « J'vais te buter gars , m'cherche pas ! »

Gabriel « Ah tu crois ? »

L'homme était à bout de nerfs, sortit son arme à feu et la pointa en direction de l'archange. D'un sourire Gabriel plissa les yeux et ferma le poing. Il était content d'avoir ces pouvoirs télékinétiques. Il souleva le leader devant les yeux ébahis et effrayés de ses camarade. Gabriel serra le poing plus fort, étranglant le jeune homme de plus belle. Alors que les autres fuyaient l'archange envoya valdinguer l'homme, tantôt contre les murs, tantôt dans les ordures. Il s'amusait tellement qu'il se mit à rire tout seul du malheur de jeune homme. Oui dans la plupart des cas il n'avait aucun coeur, mais faut pas le chercher.

Raven « Hey Dark Vador ! »

Gabriel se retourna d'un coup. Il ne s'attendait pas à ce qu'un des autres abrutis soit revenu. Mais il n'eut pas le temps de dire quoique ce soit qu'il se ramassa de l'eau bénite en plein visage, coulant à présent sur son magnifique costume.

Raven « Cuvée deux mille six ! »

Gabriel « Aaaaaaaah ! »

Gabriel fît semblant d'agoniser. Puis reprit son sérieux et dit :

Gabriel « J't'ai bien eu hein !? »

Rien. L'eau bénite n'a jamais eu d'effets sur les anges. Il s'essuya le visage et l'homme face à lui ne faisait pas parti du gang. Il avait une odeur particulière, qu'il connaissait bien. Un démon, mais son odorat le trompait peut-être il n'avait aucunement l'allure d'un démon, cet homme venait peut-être de se frotter à un démon peut-être. Ah. Il allait encore pouvoir s'amuser puisque son petit pantin était un peu cassé.

Gabriel « Tiens je ne me rappelais pas qu'elle avait ce goût-là. J'dois me faire vieux. »

Dit l'ange en se moquant ouvertement de cet homme. Mais comme ce dernier avait dû le prendre pour un démon, il allait peut-être jouer le rôle. Gabriel se doutait bien qu'en découvrant que l'eau bénite ne lui avait rien fait que ce n'était pas un démon. Un sourire aux lèvres, il tendit le poing et envoya valser l'homme dans les ordures.

Gabriel « Alors moi c'est Gabriel, et tu aurais pas dû te frotter à un archange ! »

Il se mit à rire. Il attendit patiemment que son nouveau compagnon de jeu se relève.

Clarifions certains points. Lorsque l’on devient un démon, il y a pas mal d’avantages et de privilèges pour la profession. En premier lieu, on devient plutôt puissant. Pour certain, ça demande du temps, pour devenir suffisamment fort pour imposer sa loi. Le pouvoir mature. Tout ça. Mais il y a aussi quelques inconvénients mineurs : une odeur de flatulence sournoise quasi-constante, une fâcheuse tendance à revenir en enfer dès qu’on entend un tube latin des années bibliques, et une réaction allergique fulgurante à l’eau bénite. Peu importe la puissance, quand on est démon, on prend forcément tout ça dès que le formulaire d’inscription est rempli. Et contrairement à une voiture de fonction, on peut pas s’en débarrasser. Quand on le mentionne, c’est au présent de vérité générale.

C’est pourquoi je ne m’attendais pas à faire l’expérience d’un phénomène relativement répandu parmi les humains, et beaucoup moins chez les créatures et autres joyeusetés. Cette situation particulière s’appelle un moment de solitude. C’est la raison pour laquelle je ne sus pas vraiment comment réagir l’espace de quelques secondes. Une poignée de secondes, qui vous semblaient durer des minutes entières. Je suis juste resté figé là, comme un gland, mes yeux allant tour à tour au costard, puis à la flasque. Le temps que l’information parvienne au cerveau, et que ce dernier la processe correctement, quelques tentatives d’explications tentèrent de s’imposer ; une étonnante majorité d’entre elles avaient pour source un nom de cinq lettres.

- Derek, pensais-je à la limite de la crise d’hystérie, je te jure que si tu as remplacé ma flasque d’eau bénite par du soda, tu vas te réveiller nu au milieu d’un club masculin de s…
- C’est pas moi ! Je te jure, sur ma propre tête, que c’est pas moi !

Et merde. J’ai tendance à le sentir quand il ment ou non. Et il a la fâcheuse tendance de ne jamais mentir directement. Par omission, parfois…mais il a encore besoin d’entrainement. Bref, cela ne résolvait pas la situation présente. Avec un haussement de sourcil interrogateur, je portais la flasque à mon visage pour en sentir les effluves. Pas de doute, de l’eau croupie. Et bien croupie.

- J’ai dû me tromper de millésime…

Et soudain, le monde se mit à tourbillonner, tandis que je sentais mes pieds quitter le sol. A peine le temps de penser une flopée de jurons bien sentis que je fis de mon mieux pour récupérer le contrôle de mon corps et atterrir avec le moins de bobos possibles, sur quelques coussins au rembourrage nauséabond. Fait chier, soit dit en passant. A cause des particules de soufre que je transpire, je me noie presque de déodorant et de Cologne chaque matin ; c’est pas pour sentir les ordures dès le début de soirée. Un peu sonné, je mis quelques secondes pour reprendre mes esprits et envisager toutes les situations possibles ; fantôme boosté aux hormones ? Un de ces espèces de surhommes que l’on voit dans les films ? Ou, pire scénario, un Ange ?

- Alors moi c'est Gabriel, et tu aurais pas dû te frotter à un archange !

…
Well…fuck.

J’aime quand la vie me prouve que j’ai tort.
Il y a pas mal de niveaux pour les situations difficiles. Ca peut aller du « il va falloir serrer un peu les dents » au « c’est con de pas avoir vu ce film que j’avais enregistré, avant de mourir ». Mais là, j’atteins un nouveau sommet de situation. Tellement enfoncé dans les ennuis qu’il me faudra un masque et un tuba. Respirons par la bouche. Inspiration, expiration. Ca vit, donc ça peut être tué. Et puis, si ça se trouve, leur réputation, c’est peut-être très surfait. Et puis, tiens, je ne me plaignais pas de ne pas m’être battu souvent ces jours-ci ? Dommage, j’aurais aimé pouvoir utiliser une partie du magot que j’avais amassé avant de claquer.

Oh. Tant pis.

Je me dégageais des sacs poubelles, tandis qu’un rire à la fois malsain et cristallin résonnait dans la ruelle. Je m’époussetai, puis, dans un mouvement brusque, je pris la crosse de mon Benelli M1014 à travers la poche trouée de mon manteau ; je levais brusquement le canon, ce qui fit voleter mon trench-coat et gardait l’arme cachée grâce au jeu d’ombre projeté par les quelques lampadaires éparpillés dans la ruelle. Je pressai deux fois la gâchette, projetant deux cartouches de calibre 12 chargé avec un mix de sel, argent et de plomb. Quand on ne savait pas à quoi se frotter, autant se préparer à tout… bien que je ne sais toujours pas comment tuer des anges. Et encore, ce serait simplement un ange…mais là, c’est un des Archanges. Superman en costume de soirée. Bah.

- Oups, désolé, mon doigt a glissé…

Tendu à l’extrême, j’épiais l’archange, Gabriel de son prénom, impatient de voir les effets de mon petit cocktail.
En fait, dans le cas où ça ne marcherait pas, je serais vraiment dans les ennuis. Genre, très profondément.

« Raven & Gabriel »

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L'archange était content de voir qu'il avait trouvé un adversaire à sa taille ! Il en était même euphorique ! Le tout maintenant pour Gabriel était de savoir s'il avait affaire à un démon, puissant ou non, ou bien à un chasseur, de bas étage ou un chasseur sachant ce qu'il fait. Il vît l'homme se lever tant bien que mal des poubelles dans lesquelles Gabriel s'était amusé à le balancer. Il s'était même mit à rire ! Y a pas à dire, y avait longtemps qu'il n'avait plus rit ainsi. L'homme au trench' sombre comme la nuit s'avança d'un pas déterminé. Deux détonations retentirent aux oreilles de l'archange. Des détonations prouvant que l'homme lui avait tiré dessus. Il regarda où il était touché tandis que l'homme tapait la causette.

Raven « Oups, désolé, mon doigt a glissé… »

Il scruta celui qui lui avait tiré dessus. Gabriel n'en revenait pas. Jamais on n'avait osé lui tirer dessus, généralement il prenait le dessus et ne laissait pas le temps à ceux qu'il combattait de le blesser. Là c'était râpé. Il avait combattu plus d'un démon, il en avait fait voir à plusieurs chasseurs surtout aux frères Winchester, il évitait constamment les vampires pour éviter de les tuer et d'avoir une meute après lui ! Mais là c'était le summum ! Il y avait des traces de poudres et de balles sur ses vêtements. Son costume ! Son magnifique costume ! Les traces disparurent aussi vite qu'il fallait pour dire ouf. Heureusement que les anges ont cette capacité à être invincibles ... enfin presque ! Oui parce que les anges sont presque invincibles, on peut essayer de les tuer à coups de battes, à coups de balles - de toutes sortes : argent, sel, plomb, ... - à coup de petites cuillères également ! Rien ne fonctionne si ce n'est une incantation en latin et bien prononcée. Cela les renvoi directement au paradis une bonne fois pour toute. Mais si jamais on veut les ralentir rien ne vaut qu'un signe avec du sang et une invocation. Gabriel a déjà eu affaire à la seconde option. Sinon il ne serait pas là aujourd'hui. Malheureusement, les personnes qui l'ont repoussé en ont payé de leur vie. Non ce n'est pas un tendre et mignon petit ange ce cher Gabriel ! Il peut avoir une face "gentille" mais généralement la face "méchant" prime par dessus tout. Puis contre toute attente, l'archange explosa de rire !

Gabriel « Prffft ! Toi mon grand t'atteint les sommets du ridicule ! On ne tue pas si facilement les archanges, ni même les anges. »

Il continua à rire, jusqu'à ce que quelques petites larmes perlent sur le coin de ses yeux. Il en pleurait tellement il trouvait l'homme face à lui ridicule. Il réfléchit un instant. Jamais les chasseurs seraient stupides pour s'attaquer à un ange. Qui plus est avec des balles qui ne leur font rien. Les chasseurs sont souvent trèèèèès bien renseignés sur leurs ennemis et là en l’occurrence le gars face à lui ne l'était pas du tout. Mais malgré tout les démons était au courant de l’existence des anges et du fait qu'ils ne sont pas si faciles à éliminer que ça. Il ne saurait jamais pourquoi mais il pencha plus pour le fait que l'homme était en fait un démon. Parce que pour Gabriel les démons étaient tous des êtres stupides. Surtout son frère Lucifer. Pourtant c'est son grand frère mais le fait qu'il ait désobéi à leur père n'a fait qu'empirer ce qu'il pensait déjà de lui. Nous allons donc passer le passage où Gabriel est un gentil petit frère adorable pour sauter directement au passage où Gabriel est venu habiter parmi les humains. Il se plaisait bien au paradis pourtant. Mais il a fallu que son grand frère fasse des siennes pour que le ciel devienne n'importe quoi, pour que quasiment tous les anges se tapent dessus. Il n'en pouvait plus de cette ambiance si électrique qu'il décida de dire adieu à tout ces soucis et de profiter de sa vie. Il n'en n'avait plus qu'heureux à vrai dire. Il effaça ses petites pensées pour faire face complètement au démon. Il allait lui faire sa fête !

Gabriel « Par contre ... t'es vraiment dans la merde. Tu sais ça ? Je crois que tu voudra retourner en enfer avant que je te mette la raclée du siècle mon petit démon ! »

Les détonations résonnèrent un moment contre les murs, chacun des tirs projetant un violent recul absorbé par la force herculéenne dont je disposais. Ce que j'avais balancé aurais presque suffit à travers six millimètres d'acier. Mais visiblement, les tirs avaient eu à peine plus d'effet qu'un pistolet à eau. Un coup d'oeil à mon Benelli me confirma bien qu'il ne s'agissait PAS d'une réplique à blanc, ce qui, d'une certaine façon, était pire que ce que je craignais. L'archange eut un regard choqué, regardant ses vêtements avec la même incrédulité que moi. Je savais que ces salauds étaient difficiles à tuer, mais j'avais au moins espéré une petite réaction. Genre, un bouton, une rougeur...mais pas des quenelles.

Dans une sorte de vapeur dansante, les impacts disparurent du costard, à nouveau parfaitement intact. Je haussais un sourcil de surprise : si j'avais ce même genre de pouvoirs, je pourrais récupérer cette tenue en nanotubes de carbones que Derek avait passée au sèche-linge. Avec un regard dépité pour mon calibre 12, je le rangeai dans la doublure de mon manteau dans un soupir résigné. Le problème avec les anges, c'est qu'il n'y a absolument rien dans aucun livre qui parle d'une éventuelle faiblesse, et je suis déjà passé juste après le passage d'un seul ange. Il y avait des morceaux de démons de partout. Tellement d’ailleurs qu’il était difficile de dire combien il y en avait à l’origine. Et là, je devais faire face à un des quatre Archanges. Un des quatre Cavaliers de l’Apocalypse, version bisounours tueur de démons.

Life is a bitch, ain’t it ?

- Bon… match nul ?

Puis Gabriel éclata de rire; toujours ce rire dérangeant, trop clair pour être sain. Notez le jeu de mot finement trouvé.

- Prffft ! Toi mon grand t'atteint les sommets du ridicule ! On ne tue pas si facilement les archanges, ni même les anges.

- Ouais, alors c’est facile de dire ça quand on sait comment tuer un ange.

Le père Gabriel commençait sérieusement à devenir un problème de taille. Si encore il avait été un démon, comme je l’avais premièrement supposé, le combat aurait pu être à peu près équitable, mais sans moyen de gagner, c’était du suicide pur et simple. Et bien que j’apprécierais une bonne baston, quand ma vie était en danger, je préférais éviter de sauter à pieds joints dans le vide. Le problème, c’est que j’avais un tantinet titillé le cul-béni, avec mon calibre (pas de blagues salaces ici). Les chances qu’il me laisse tranquille après ça devait se trouver pas loin de « aucune » et « zéro ». Autrement dit, il allait falloir la jouer plutôt fine…

Le rire de l’Archange n’en finissait pas ; j’étais sérieusement dans la merde. Seuls les psychopathes avaient tendance à rire comme ça. Je le sais, ça m’arrive pendant des chasses, quand je sais que j’ai de bonnes chances de gagner contre une proie qui m’en a fait baver pendant un moment. Généralement, peu après, l’agonie de la proie en question avait tendance à être longue et passablement douloureuse. Restons calmes. Respirons par le nez. Il s’agit d’un Archange, n’est-ce pas ? Un des soldats prônant l’amour et les pets aux arcs-en-ciel. Il ne doit pas savoir que je suis un démon, à cause de mes lunettes noires (bien qu’elles fassent légèrement suspect, je dois l’avouer…).

- Haha, Raven, on est sérieusement dans la merde, hein… ?

Ha. C’était bien ce qu’il me fallait. L’autre imbécile qui se décide à donner son avis à la …

Minute.

- Hé, Derek, tu sais quoi ?
- …Non ?
- Tu vas bientôt le savoir…

- - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Une légère odeur de poudre chatouilla mes narines, rapidement masquée par celles d’ordures ménagères qui devaient dater de quelques jours déjà. Au travers des verres teintés, je vis un homme en costume rire à gorge déployée. Dans un mouvement lent, je retirais mes lunettes de soleil, afin de montrer à l’Archange que je n’étais pas une menace. Peu d’espoir, grâce à Raven. Merci Raven.
Et merde…

- Ecoute, au temps pour moi, je pensais que t’étais un démon qui bluffait… on fait la paix ?

J’en aurais ri tellement ma position était ridiculement désespérée. Demander pardon gentiment au superman psychopathe sur lequel on venait de tirer dessus à coups de chevrotine. Brillante idée, Derek. Très ingénieux.

- Par contre ... t'es vraiment dans la merde. Tu sais ça ? Je crois que tu voudra retourner en enfer avant que je te mette la raclée du siècle mon petit démon !

Oh. Oups, boulette. Bon, pas de panique. Je suis pas un démon, je suis un humain là. C’est même pas vraiment du bluff. C’est ça. Je suis un chasseur. Et on va essayer de la jouer maline. Avec une expression vexée, je sentis l’intérieur de mes vêtements et sous mes bras, avant d’exprimer une grimace indignée.

- Hey, c’est pas cool ça ! Je ne sens pas une vieille odeur de pet démoniaque. Celui que j’ai buté, peut-être… mais moi, je sens encore la Cologne que j’ai mise ce matin !

Ha. Hahahahahahahahaha. Risible. Ma vie est en danger, et je trouve pas meilleur mensonge que ça. Au moins, il fait vrai…mais après un coup de chevrotine, même s’il y croit, je doute que Gabriel me laisse partir comme ça. Je pris un air aussi décontracté que possible étant donné la situation, et rajustai mon col.

- Bon… comme ça on est quittes, hein ? Sans rancune ?

« Raven & Gabriel »

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Raven « Ecoute, au temps pour moi, je pensais que t’étais un démon qui bluffait… on fait la paix ? »

Dit le démon face à lui. Il enleva d'un geste lent ses lunettes de soleil et leva les mains au ciel pour montrer qu'il était sans défense. Gabriel le regarda dans les yeux, aucune couleur pour prouver que ce dernier était un démon. Il avait des yeux totalement normaux, ceux d'un humain. Gabriel n'était pas dupe et se trompait rarement... Mais à vrai dire là... il doutait. N'empêche l'homme lui demandait pardon, l'homme qui venait de lui tirer dessus voulait faire la "paix" ?! C'était ridicule... Il pouffa alors de rire. Comment après lui avoir tiré dessus, après avoir voulu l'éliminer il lui demandait une telle chose ? L'achange lui répondit qu'il était vraiment dans la merde et qu'il allait presque en faire de la chair à pâte de ce démon. Gabriel ne doutait plus, il savait que les démons étaient rusé et qu'ils pouvaient facilement se faire passer pour des humains, donc il ne voulu plus croire ce que ce dernier allait pouvoir lui dire. L'homme se vexa complètement, réaction qui fit rire l'archange. Puis il se mit à se sentir, oui Gabriel savait qu'il sentait le démon, et maintenant il sentait les ordures en plus ! Il grimaça avant de reprendre :

Raven « Hey, c’est pas cool ça ! Je ne sens pas une vieille odeur de pet démoniaque. Celui que j’ai buté, peut-être… mais moi, je sens encore la Cologne que j’ai mise ce matin ! »

Dès qu'il eut terminée sa phrase, Gabriel tilta... En effet il n'avait peut-être pas tort... Merde quoi ! Cet espèce de nouille avait réussi à mettre le doute dans son esprit ! Mais ce qu'il retint et qui n'oubliera pas c'est qu'il a voulu le tuer et rien que pour ça Gabriel voulait envoyer cette homme ou démon en enfer. Ou alors aller lui faire faire un petit tour dans son monde, le monde qu'il a créé... Gabriel est bel et bien un archange qu'il ne faut pas emmerder. L'homme face à lui faisait comme s'il était décontracté, mais l'archange voyait bien que ce n'était pas le cas. Et au moment où il allait ouvrir la bouche l'homme continua sa parlote :

Raven « Bon… comme ça on est quittes, hein ? Sans rancune ? »

Sans rancune ? Sans rancune ?!! Mais à quoi il joue ?! Il veut se sauver et me planter là comme si rien ne c'était passé ? Se demanda Gabriel. Non il n'allait certainement pas le laisser filer ainsi, il se croyait où ? L'archange commençait à cogiter. Il se mit à faire les cents pas autour de l'homme ou démon. Il ne souriait plus, il n'y avait plus de quoi sourire.

Gabriel « Tu crois que ça se passe comme ça ? Que j'allais faire comme si de rien était et comme par magie tout oublier ? »

Dit-il sur un ton sarcastique. Il n'allait pas en rester là, on l'avait cherché, on l'avait trouvé. Si cet abruti ne l'avait pas interpellé alors qu'il mettait une raclé à une espèce de racaille il n'en serait pas là maintenant. Pourquoi fallait-il que ça tombe toujours sur Gabriel ? Il était descendu sur Salem et là la cousine de l'homme auquel il avait emprunter le corps était venu le trouver. Là il se trouvait à New-York et un démon était venu l'emmerder ... Qu'est-ce qu'il avait bien fait pour mériter ça ?! C'est son père qui se vengeait parce qu'il avait osé partir du paradis ? Il avait quand même mérité une petite vie tranquille nan ?

Gabriel « Je te signale chasseur ou démon ou quoique tu sois j'en ai rien à faire ! T'as emmerdé un archange j'te signale ! Surtout que je me défendais quoi ! »

Il continua de tourner autour de l'homme en prenant des airs théâtraux, il adorait jouer la comédie ! Et ça lui allait tellement bien quand il prenait de faux airs indignés. Il continua à tourner tout autour de Raven. Il ne savait pas ce qu'il allait faire de lui, il réfléchissait. Si c'était un démon il pouvait facilement le renvoyer en enfer ... Si ça tombe c'était ce qu'il voulait précisément. Mais il n'avait jamais rencontré un démon voulant retourner en enfer, il avait dur à en sortir et y retourner n'était pas ce dont ils rêvaient...

Gabriel « Je suis en train de réfléchir à ce que je vais bien pouvoir faire de toi jeune homme... T'es sûr qu'un p'tit tour en enfer ne te tente pas ? C'est gratuit tu sais... »

Il s'arrêta face au démon et lui souri à pleines dents. Un sourire qui se voulait hypocrite. Il s'amusa alors avec ses mains et son esprit à faire danser les objets autour de lui. Il voulait faire peur à Raven. Il voulait qu'il le craigne !

- Tu crois que ça se passe comme ça ? Que j'allais faire comme si de rien était et comme par magie tout oublier ?

- Euh…oui ?

Eh bien, je devais avouer que, malgré des chances relativement proches du néant, j’avais préférentiellement envisagé cette possibilité…mais au vu de l’attitude et du nouveau ton de l’Archange, ce n’était pas gagné. Mince, quoi. J’en ai marre de toujours servir de bouc émissaire aux conneries de Raven. C’était pas écrit dans le contrat…ou alors, en caractères très petits. Saleté de démon. Il m’avait bien eu, en fin de compte. Toujours se méfier des têtes cornues. Mais bon, à l’époque, on ne pouvait pas vraiment dire que j’avais le choix.

- Je te signale chasseur ou démon ou quoique tu sois j'en ai rien à faire ! T'as emmerdé un archange j'te signale ! Surtout que je me défendais quoi !

- Alors là je peux tout vous expliquer…

J’adore cette phrase. Au moment même où les mots sortaient de ma bouche, je savais que ce n’était PAS l’entrée en matière qu’il me fallait. Tout simplement parce que c’est généralement le prélude à une excuse absolument ridicule. Mais cette fois-ci, j’allais peut-être améliorer mes chances de m’en sortir. Peut-être. Un tout petit peu. Après tout, je n’allais même pas mentir, n’est-ce pas ? Avec un peu de chance, mon histoire allait passer, et tout le monde rentrerait chez soi. En un seul morceau, de préférence.

- Je suis en train de réfléchir à ce que je vais bien pouvoir faire de toi jeune homme... T'es sûr qu'un p'tit tour en enfer ne te tente pas ? C'est gratuit tu sais...

- Une minute, ne nous fâchons pas. Il y a une explication logique et rationnelle à tout ça…

Et là, je me repassais les évènements des dernières semaines, avec une précision toute particulière pour les dernières minutes passées avec notre collègue Gabriel. On reçoit un mail, on s’équipe, je panique, Raven m’engueule, on prend une douche. Une deuxième, parce que par réflexe j’avais mis du parfum. Pas de bol, j’ai remis du parfum après la deuxième douche. A huit heures je laisse la place à Raven et on sort. Pas fatigué, « j’observe » façon REC tout ce qu’il se passe, parce que sinon je m’emmerde. Une, deux, trois bastons plus tard, on tombe sur Dark Vador. Bref, on est allé chasser.

- A la base je suis juste en chasse. Il y a eu quelques meurtres particulièrement violents dans les environs, donc j’étais venu enquêter. Je savais pas trop à quoi m’attendre… Donc dans le doute, je préfère tirer d’abord et poser des questions ensuite. Et à vous voir…j’avais pensé que c’était un autre démon.

Bien joué. Finement pensé l’ajout du « démon ». Je reviens sur un mensonge précédemment raconté afin de donner plus de crédibilité à mon histoire. Maintenant, histoire d’achever de rendre l’histoire plus crédible, insister sur quelques détails propres au personnage de chasseur.

- D’ailleurs, si vous avez vu quelque chose de bizarre dans les envir…

Intense moment de solitude.

En effet, il fallut quelques petites secondes à mon cerveau pour faire la connexion entre a) les meurtres dans le coin et b) en face de moi il y a un terminator à la petite semaine. Et vu le tempérament un tantinet soupe au lait de ce dernier, il y avait une certaine probabilité que les quelques cadavres retrouvés éparpillés façon meuble ikéa soient en fait quelques malheureuses victimes du courroux divin de Gabriel. Je me sentis tranquillement passer du « livide » au « blanc cadavre ».

Dommage, Derek. Tu commençais enfin à parvenir à te servir de ton cerveau.

Raven « Une minute, ne nous fâchons pas. Il y a une explication logique et rationnelle à tout ça… »

Gabriel « Vas-y je t'écoute. »

Gabriel arrêta tout net. Il avait envie d'entendre ce qu'allait dire le jeune homme. Voir quelles âneries il allait pouvoir débiter en si peu de temps. Bon ce qui était sûr c'est que le cas du jeune homme le tracassait, il n'était pas comment dire, normal ! Voilà ! Il lui paraissait fort nerveux. En même temps qui ne le serait pas en avec en face de lui un archange ? Hum bref. Gabriel attendait impatiemment ce qu'il allait lui dire. Le sourire aux lèvres. Prêt à attaquer quoiqu'il arrive.

Raven « A la base je suis juste en chasse. Il y a eu quelques meurtres particulièrement violents dans les environs, donc j’étais venu enquêter. Je savais pas trop à quoi m’attendre… Donc dans le doute, je préfère tirer d’abord et poser des questions ensuite. Et à vous voir…j’avais pensé que c’était un autre démon. »

Gabriel rigola comme ce n'était pas permis. Est-ce qu'il avait une tête de démon ? ... Bon OK. Passons. On aurait très bien pu penser que ce n'était qu'un simple homme, en costume cravate se promenant à une heure impensable de la nuit. D'accooooooooooord ça colle pas du tout avec l'archétype de l'homme qui travail dans une grosse boîte et qui rentre toujours tard chez lui avec sa mallette bien accrochée à ses mains de peur qu'on ne lui vole.

Raven « D’ailleurs, si vous avez vu quelque chose de bizarre dans les envir… »

Les yeux tournés façon soucoupe de Gabriel se posèrent sur Raven. Bizarre ? Vous avez dit bizarre ? Bizarre ! Gabriel était quelque chose de bizarre à lui tout seul ! Il se dit que vraiment il devait manquer un rouage dans le cerveau du jeune homme.

Gabriel « Hum. Je crois me rappeler que je suis un archange. Niveau bizarrerie j'atteins le summum tu ne crois pas ? » dit-il ironiquement.

Mais ce p'tit gars commençait à lui plaire. Peu de gens lui tenait tête, ou alors essayait de s'expliquer. Généralement Gabriel les éliminait du premier coup ou alors il les envoyait dans un monde de son cru. Il s'amusait bien avec les petits humains. Un réel passe-temps. Un peu comme avec les Winchester. Aaaaaah qu'est-ce qu'il s'était surtout très bien amusé avec Dean ! Ce dernier lui en voudra toujours de ce qu'il s'est passé d'ailleurs. M'enfin, il s'était bien marré ! Et il avait encore envie de rigoler avec le jeune homme face à lui. Sadique ? Totalement ! Il voudrait lui faire la morale, lui apprendre qu'il devrait réfléchir à deux fois avant de se lancer dans une petite bataille dont il n'est jamais sûr de ressortir vivant.

Gabriel « Mais bon, cela n'arrange pas nos affaire mon p'tit ! Je crois qu'une petite leçon ne te fera pas de mal. Voyons ce que j'ai dans mon sac ... Je te propose un petit tour gratuit en enfer, accompagné d'une rencontre avec quelques démons qui ont été envoyés sous terre par des chasseurs, donc je peux t'assurer qu'ils ne vont pas t'accueillir à bras ouverts. Puis après une chouette balade en bateau, mais pour toi ça sera la visite sous l'eau ... Oh faut pas avoir peur c'est génial ! »

Gabriel jubilait ! Il n'avait qu'une hâte, voir ce gosse - bah oui même s'il paraît aussi vieux que Gabriel physiquement, ils n'ont pas du tout le même âge et pour l'archange il reste un gamin - courir et s'enfuir à toute jambe en hurlant partout ! Il avait envie de le laisser repartir, et il avait envie de le recroiser un jour parce qu'il avait un petit potentiel. Un sale caractère comme celui de l'archange qui plus est !

- Hum. Je crois me rappeler que je suis un archange. Niveau bizarrerie j'atteins le summum tu ne crois pas ?

Les échos ironiques de l’archange reflétaient parfaitement mon propre avis – et celui de Raven, d’ailleurs – sur la question. En fait, j’ai rarement balancé des conneries de ce niveau.

- C’est pas faux…

Eeeeeeeet c’est à peu près tout ce que je trouvai à dire. J’étais plutôt mal barré, pour tout dire. En même temps, balancer du calibre 12 sur quelqu’un qui est dix à douze fois plus fort que nous, ce n’est pas le meilleur moyen pour ouvrir une conversation saine. Ce n’est d’ailleurs pas un moyen viable et reconnu pour entamer des négociations correctes pour notre survie. Enfin, si, quand le calibre 12 a un effet quelconque sur la cible…

- Mais bon, cela n'arrange pas nos affaire mon p'tit ! Je crois qu'une petite leçon ne te fera pas de mal. Voyons ce que j'ai dans mon sac ... Je te propose un petit tour gratuit en enfer, accompagné d'une rencontre avec quelques démons qui ont été envoyés sous terre par des chasseurs, donc je peux t'assurer qu'ils ne vont pas t'accueillir à bras ouverts. Puis après une chouette balade en bateau, mais pour toi ça sera la visite sous l'eau ... Oh faut pas avoir peur c'est génial !

Et meeeeeeeeeeerde…

- Bon, Derek, juste pour te prévenir : trouves vite un moyen de te tirer, car crois moi, tu n’as PAS envie d’aller en Enfer. Déjà que tu es au supplice quand tu te cogne le pied contre un meuble… et je tiens à te dire que c’est déjà assez compliqué d’en sortir tout seul, alors ne t’attends pas à ce que je t’aide d’une quelconque façon. Par contre, pour la balade sous l’eau, il a raison.

- Raven, tu ne m’aide pas là…

Gagnons tranquillement du temps, histoire d’éviter de finir en Enfer…ou pire…

- Oh…quel programme. Vraiment. Vous devriez voir avec quelques agences de voyages histoire de le promouvoir. Mais, en fait…j’ai la complexion très fragile. Je brûle plus que je ne bronze. Et je viens de me rappeler qu’on m’attendait. Quelque part. Maintenant. Donc, si ça ne vous dérange pas trop, je vais, euh…

J’accompagnais mon petit discours de gestes illustrant mes propos, plus ou moins vagues, tandis que je reculais progressivement vers l’autre extrémité de la ruelle – celle sans Archange – un pas après l’autre. Sans se presser. Mais sans non plus m’attarder. La grande question était : est-ce que j’allais m’en sortir sans problème ? Ou tout au moins, limiter la casse ? L’objectif principal était de s’enfuir sans demander son reste. L’objectif secondaire était de le faire sans utiliser les pouvoirs de Raven, car sinon Gabriel risquerait d’avoir des soupçons. Et je ne pense pas que ce soit particulièrement bon pour ma santé.

- …ben, y aller.

Mon manteau voleta tandis que je me retournai, m’éloignant à toute vitesse de l’Archange. Le raclement des bottes sur le macadam résonnait contre les murs de la ruelle sans que je sente le moindre pouvoir à l’œuvre, ni ne perçoive le moindre mouvement dans mon dos. Mais je ne comptais pas m’arrêter avant d’être enfermé à double-tour chez moi, équipé de manière à résister à DEUX sièges.

ATTENTION !!!! POUR CEUX QUI N'AURAIT PAS SUIVIT LA SÉRIE AU-DELÀ DE LA QUATRIÈME SAISON, NE LISEZ PAS CE QUI SUIT PUISQUE VOUS RISQUEZ D'ETRE SPOILE !!! MERCI DE VOTRE COMPRÉHENSION. SI TOUTE FOIS VOUS ETES TROP CURIEUX TANT PIS POUR VOUS, JE VOUS AURAIS PRÉVENUS !!

Un sourire malicieux s'étira des lèvres de l'archange. Il aimait voir le jeune homme face à lui tenter de ce dé-patauger de ce qu'il avait fait. On peut dire que sur ce coup-ci Gabriel s'amusait. Il trouvait ça encore plus amusant que de donner des leçons aux humains. Même si cette dernière chose était vraiment très drôle pour lui ! Le jeune homme avait l'air complètement effrayé, c'était encore un peu s'il disait oui non pas par choix, mais par obligation ! Gabriel était un peu cruel pour un archange mais ça, il s'en contre-fichait complètement. Le jeune homme face à lui tremblait presque tellement il avait la trouille de ce que Gabriel lui avait annoncé ! Il en aurait presque fait dans son pantalon.

Raven « Oh…quel programme. Vraiment. Vous devriez voir avec quelques agences de voyages histoire de le promouvoir. Mais, en fait…j’ai la complexion très fragile. Je brûle plus que je ne bronze. Et je viens de me rappeler qu’on m’attendait. Quelque part. Maintenant. Donc, si ça ne vous dérange pas trop, je vais, euh… »

Il essayait de s'exprimer par des gestes vagues qui ne ressemblait à rien ! Et là ça fit éclater de rire Gabriel ! Il essayait vraiment de se dépatouiller comme il pouvait, et à vrai dire c'était vraiment ridicule. Puis le jeune homme pensant être tranquille, recula progressivement vers l'opposé de Gabriel, là où il n'y était pas.

Raven « ... ben y aller. »

Il se retourna rapidement, faisant voleter son long manteau noir. Dans la sombre ruelle, les pas de Derek se firent entendre. Mais Gabriel n'en n'avait pas fini. En tout cas pour ce soir, il n'avait pas terminé. Peut-être qu'il le laisserait quand il lui aura donné une leçon. Mais là, pour l'instant c'était hors de question de lâcher le jeune homme. Gabriel jubilait, il se demandait ce qu'il allait pouvoir lui faire, et dans quel endroit l'envoyer. Pourquoi pas dans un monde, semblable à celui-ci MAIS avec des petits changement qui prendrait vite effet. Ah il avait voulu s'attaquer à l'Archange le plus malin, il allait voir de quel bois se chauffait Gabriel. Après tout il restait un soupçon de doute par rapport à la réelle nature de cet homme. Ca allait être drôle, trèèès drôle et l'Archange rigolait tellement fort à présent que tout le quartier de New-York dans lequel il était devait maintenant être bien réveillé. Derek se dirigea d'un pas rapide vers le coin de la ruelle, et c'est à ce moment-là que Gabriel décida qu'il était temps que le changement s'opère.

Gabriel « Alors maintenant, mon grand tu n'a pas voulu aller en enfer quand je te l'ai proposé, mais maintenant je t'y oblige héhé ! Des démons tu va en rencontrer plein ! Rah faut que j'arrête de parler tout seul, ça devient grave. »

L'ange passa sa main derrière sa tête. A présent il lui faudrait surveiller le petit malin, après tout, il verrait bien tôt ou tard qu'il n'est plus vraiment dans son monde. Enfin dans un sens. New-York envahit de démon ! Même pour Gabriel c'était inimaginable. Enfin toute fois, si jamais Lilith venait à prendre le dessus sur les Winchester, là c'était un risque plus qu'évident. Si cette démon faisait sortir Lucifer de son trou, les démons viendraient à la charge et là ce qui serait sûr c'est qu'aucun humain ne resterait propriétaire de son corps. Il arrêta de penser à tout ça, et se concentra sur son nouveau jouet. Et pour bien le faire flipper, l'Archange se déplaça rapidement derrière lui marchant également à pas rapide. Il voulait se montrer, ce qui serait encore plus drôle quand il verrait la tronche de Derek, le voir s'enfuir était tellement comique qu'il ne lui manquait plus les pop-corn pour savourer cette comédie.

Gabriel « Oh mais pourquoi tu cours mon grand ? Je ne vais pas te manger tu sais ! » Lui cria-t-il en rigolant.

Puis il repris son sérieux, et disparu de derrière le jeune homme pour se poster devant lui, sans qu'il ne s'y attende. Lui bloquant par la même occasion le chemin.

Gabriel « Tu sais. Il faut faire attention la nuit hein, y a des démons qui traînent à tous les coins de rues. Tu devrais faire gaffe. »

Puis il disparu et alla se cacher non loin pour voir comment allait réagir Derek lorsqu'il se retrouverait effectivement face à des démons. S'il avait déjà la trouille en voyant un Archange, ce serait encore plus drôle lorsqu'il tomberait sur une fausse horde de démon. Gabriel était un être diabolique ... même pour un ange !

Cours cours cours cours cours cours cours cours cours cours cours cours…
L’envie d’utiliser mes pouvoirs augmentait à chaque pas, de m’échapper avec un boom supersonique à l’autre bout de la ville. Mettre le plus de distance possible entre moi et l’Archange de cauchemar. Mais à chaque pas, je réprimais cette tentation, avec toujours plus de force. Il y avait de fortes chances que l’auréolé aie des pouvoirs plus grands encore que les miens, et ça me disait moyen de me frotter directement avec un Archange. Surtout quand mes armes ont à peu près le même effet qu’un pistolet à eau. Tch. Restons concentrés sur la fuite : jusqu’à présent, pas de problème. A croire que Gabriel a la flemme de me courir après. Tant mieux.
Puis, alors même que ces mots résonnaient dans ma tête, je sentis le sol vibrer, et les murs résonner d’un rire narquois.

- Alors maintenant, mon grand tu n'as pas voulu aller en enfer quand je te l'ai proposé, mais maintenant je t'y oblige héhé ! Des démons tu vas en rencontrer plein ! Rah faut que j'arrête de parler tout seul, ça devient grave.

Et galère… et qu’est-ce que ça voulait dire, ça ? Il ne m’a pas l’air des plus stables, l’autre cul-béni. Il allait faire quoi ? Invoquer des démons ? Ca ne serait pas un petit peu trop satanique pour un ange ? Quoique, pour un ange, il n’avait pas l’air si vertueux que ça, il faut avouer. Et sinon ? Une vision du futur ? Ce genre de pouvoir existe-t-il même réellement ? Bah, inutile de trop y penser. En cas de soucis, je verrais en temps et en heure, et des démons, ça restait plutôt notre domaine de prédilection, à Raven et moi…tiens, il manquerait plus que ça. Des démons. Pas sûr que j’arrive à m’en sortir sans Raven si j’en croise un. Le coup du récital en ré mineur, c’était pas mon truc, sans parler du fait que…

- Oh mais pourquoi tu cours mon grand ? Je ne vais pas te manger tu sais !

– Bordel de… !

Pris par surprise, je sortis le katana de Raven du manteau et tranchai l’origine de la voix, sans réfléchir. La silhouette de Gabriel était apparue derrière moi, mais disparu en volutes floues alors que la lame au liseré d’argent le traversait. Et merde, c’était quoi ça ? L’autre emplumé qui faisait des siennes ? Peut-être venait-il de trouver la motivation de me courser et me faire payer les quelques plombs coincés dans ses plis de chemise. Pas étonnant qu’il m’ait rattrapé, ceci dit. Un humain était tellement démuni face à un démon, et un démon l’était tout autant face à un Archange. Faites le calcul : avec des jambes humaines, même avec de la chance, ça passe pas. Ca casse. J’allais reprendre ma course quand Gabriel se matérialisa juste devant moi, m’arrachant un glapissement de surprise plus ou moins étouffé.

- Tu sais. Il faut faire attention la nuit hein, y a des démons qui traînent à tous les coins de rues. Tu devrais faire gaffe.

- Comme vous êtes prévenant…je suis touché, fis-je sans me départir d’un sourire crispé.

Et il s’évanouit à nouveau sur un dernier sourire ironique, teinté de condescendance. Alerte, j’épiais les environs, bien décidé à ne pas me faire surprendre une nouvelle fois. Mais il n’y avait rien d’autre que les formes immobiles des poubelles et le bruit de fond de la ville nocturne. Mais je commençais à me faire un portrait de ce Gabriel, et je sentais qu’il n’en avait pas fini avec moi. Ce serait beaucoup d’efforts et de petits tours pour pas grand-chose au final… mes sens en alerte, je repris ma fuite, rangeant mon katana à l’intérieur de mon trench-coat.

Malgré tout, après quelques minutes de course, rien ne se produisit. Je restais sur mes gardes, mes sens sensiblement améliorés grâce à Raven, mais toujours sans faire montre de pouvoirs tels que la télékinésie ou une force herculéenne. Surtout, rester discret. Pourtant habitué à des courses plus épuisantes depuis les débuts de chasse de Raven, j’étais exténué, et m’autorisai un moment afin de souffler, adossé au mur d’une ruelle. Rien ne perturbait le bruit de fond, si ce n’était mon souffle rendu rauque par le stress et la fatigue. Jusqu’à ce qu’un petit détail me perturbe.

Tout était vraiment calme.

Intrigué, je me redressai, et fis quelques détours pour revenir sur une artère principale du quartier. Personne. Pourtant, même à cette heure-ci, il y aurait dû y avoir quelques voitures, abritant gangsters et dealers en tout genre en route ou revenant de leurs trafics. Mais là, rien. Je haussais un sourcil : il y avait définitivement quelque chose qui clochait dans le coin. Etait-ce l’œuvre de Gabriel ? Ou bien les monstres que je chassais plus tôt avaient-ils frappé ? Simplement une coïncidence, et les flics auraient vraiment fait leur boulot dans le Bronx ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, la troisième option était de loin la plus invraisemblable.

Et à l’intérieur de moi, Raven gardait un silence obstiné. Pourtant grande gueule, il n’avait pas dit un mot depuis mon dernier échange avec l’Archange. Qu’est-ce qu’il fait, une sieste ? J’aurais pourtant bien besoin d’aide en ce moment. Ce n’était pas moi qui avais l’habitude de chasser. Et la dernière fois que je m’étais retrouvé seul dans une ruelle sombre, je n’étais pas passé très loin de la Mort.
Bon. On se calme. On respire, on expire : j’ai des superpouvoirs, un calibre douze et un mètre vingt-six de lame sous mon manteau (c’est dit sans arrière-pensée..). Qu’est-ce qui pourrait me faire peur ?

Un Archange ? Okay, à part un Archange psychotique ?

Rien, voilà. Exactement. Rien. Parce que je suis Derek Sullivan, badass in chief et que je ne crains presque rien. Haha. Je repartis alors d’un bon pas, les pans de mon manteau claquant au vent, ma confiance revigorée. Mais la vie a su être – à plus d’une reprise – une sacrée **** avec moi. Et, oui, elle n’en avait pas encore terminé avec moi.
C’est du moins ce que je me suis dit quand, au détour d’une ruelle, je tombais sur un groupe de sept ou huit personnes. Tous habillés façon gangs. Jusque là, pas de soucis. Je continuais vers eux avec un sourire plutôt arrogant. Jusqu’à ce qu’ils se retournent vers moi, et qu’un néon à l’alimentation douteuse illumine leurs pupilles.

Mon sourire disparut. Par contre, le leur apparut comme par magie.

- Eh, regardez-moi ça.

- Jour de chance les mecs.

- Il est plutôt appétissant…

- Et merde…

J’eus tout juste le temps de sortir mon Benelli et de tirer quelques cartouches avant de faire demi-tour et de m’enfuir dans la direction opposée, le cœur battant à tout rompre. Bordel, et Raven qui ne bronchait pas une oreille ! Il allait m’entendre, si jamais on s’en sortait. Derrière moi, les râles de douleurs, de rage et de joie sauvage résonnaient contre les murs, rythmés par les pas martelant le sol. Je pris une rue à angle droit, tentant d’une main maladroite de retrouver des cartouches de 12 chargées de sel dans mes poches afin de les tenir à distance. Je parvins à en sortir trois, et à en faire tomber deux autres et les sortants. Mes jurons s’ajoutaient au merdier total, et mon esprit n’était plus concentré que sur une seule chose : survivre, à tout prix.

Le temps semblait s’écouler au ralentit, grâce aux nouveaux réflexes dont je disposais. Mais même ça n’était pas suffisant… les cartouches glissaient dans le magasine tubulaire, émettant un bruit caractéristique suivit d’un clac dès qu’elles se logeaient dans leur emplacement. Tirant au jaugé de la main gauche, je me servais autant des impulsions et du recul que du sel pour gagner du terrain. Mais les démons se rapprochaient dangereusement. Une petite partie de mon esprit voulait me dire quelque chose, mais avec le stress et le choc de la poursuite, je lui disais gentiment d’aller se mettre ou je pensais, sans même m’en rendre compte.

Raven « Comme vous êtes prévenant…je suis touché, fis-je sans me départir d’un sourire crispé. »

Le jeu allait pouvoir commencer, petit jeu que Gabriel adorait faire avec des gens comme Raven. Il l'épiait de loin, il n'avait pas envie qu'il se fasse tuer dans ce monde non plus, malgré que c'était bien tentant de le laisser se débrouiller. Il vit amuser, le jeune homme regarder partout à la moindre trace de l'Archange comme s'il allait à nouveau ré-apparaître devant lui. Raven reprit sa course effreinée pour échapper à Gabriel et commença par ranger son katana puis se remit dans la course. Quel bonheur pour Gabriel de le voir courir ainsi partout dans cette ville fictive ! Il courrait partout sans vraiment savoir où il allait pendant que l'Archange passait de toit en toit continuant à le surveiller de près, il s'avéra que c'était un bon petit cobaye pour l'Archange. Un sourire se dessina sur son visage lorsque Raven s'adossa à un mur le temps de souffler quelques instant puis lorsqu'il comprit enfin que le calme présent n'était pas normal, et Gabriel se mit à pouffer lorsqu'il vit l'homme entrain de faire demi-tour pour revenir en plein centre ville. Il remarqua alors qu'il n'y avait personne. Gabriel s'améliorait d'illusion en illusion, ce qui était drôle c'est qu'il pourrait à tout moment créer une ville sans fin, sans personne pour que ce pauvre Raven s'y perde.

Il avait l'air totalement paniqué ce qui fît rire de plus belle Gabriel ! Et il vit l'homme repartir, motivé. Il se demanda à quoi il pouvait bien penser, et ça ce n'était plus drôle de voir l'homme qui à l'instant était en proie à la frousse. Il continua de suivre Raven qui passa devant une ruelle "bondée". Enfin bondée par rapport à tout ce qui était en ville .... Rien quoi. Gabriel s'installa debout, sur le bord du toit pour observer ce qui allait se passer. Voir si son petit cobaye aller s'en sortir. Un sourire illumina le visage de l'Archange.

Homme 1 « Eh, regardez-moi ça. »

Homme 2 « Jour de chance les mecs. »

Homme 3 « Il est plutôt appétissant… »

Raven « Et merde… »

Ouh ! Cela promettais d'être amusant à regarder, il ne manquait plus que le pop-corn, un bon petit fauteuil et Gabriel aurait été comblé. Mais ce qui aurait du tourner en bagarre n'arriva jamais, l'homme au long manteau tira quelques cartouche et s'enfuit de l'autre côté en échappant à ces créatures. L'Archange broncha et se remit à suivre Raven ainsi que ses nouveaux poursuivants. Gabriel se mit à râler lorsque le jeune homme le "força" à courir de toit en toit pour parvenir à maintenir la même distance entre eux deux. Lorsqu'il fit tomber des cartouches, l'ange se mit à pouffer de rire, un rire très bruyant et pas très discret ! Et là le moment que préférait Gabriel dans les courses poursuites, c'était quand les poursuivants arrivaient à rattraper la pauvre homme ou femme (bien qu'il n'aimait quand on poursuivait ou qu'on en voulait à une femme ... sauf si c'était un démon), et qu'ils arrivaient au moment où ils pouvaient enfin se venger ... C'est ce qui allait arriver puisque le pauvre Raven avait réussi à faire tomber des balles et à l'allure où se rapprochaient les démons de sa création, il n'allait pas faire longs-feux. Pourquoi donc ne se défendait-il pas ?! Gabriel sentait l'odeur de "supers pouvoirs" venant de cet homme à travers la sueur de stress qui lui passa sous le nez. Il savait donc que le jeune homme lui cachait quelque chose et il voulait en avoir le coeur net.

Gabriel « Bonne chance mon grand ! » Lui cria-t-il du haut du toit en rigolant.

Il mit ses mains dans ses poches en attendant de voir comment ça allait tourner, bien qu'il avait contrôle sur toutes ses illusions, il lui arrivait parfois de les laisser faire ! Et c'était ça qui était le plus drôle ! Il laissa faire le temps, les démons se rapprochaient de plus en plus de ce pauvre Raven, dans pas longtemps ça serait fini de lui !

Gabriel « Utilise tes pouvoirs si tu veux survivre ! Hé oui, ça sent à dix kilomètre que t'es pas un humain normal ! » continua-t-il de le crier.

- Bonne chance mon grand !

Je levais d’un coup la tête, cherchant la source de la voix teintée de mépris et d’arrogance. Je ne vis qu’une forme floue, dans ma course, et j’abandonnai rapidement l’idée de regarder à nouveau, les démons derrière moi se rapprochant un peu trop rapidement à mon goût pour me permettre un tel luxe. Balançant un deuxième service de calibre .12, je jurai haut et fort, afin de me faire entendre de l’autre Archange, qui semblait bien s’amuser.

- Hey ! Pas que je m’en voie, mais… un peu d’aide ne serait pas de refus !

- Utilise tes pouvoirs si tu veux survivre ! Hé oui, ça sent à dix kilomètre que t'es pas un humain normal !

Je serrai les dents. Et merde, il m’a démasqué. Qu’est-ce qui m’avait trahi ? Mon apparente confiance en moi ? Le fait que je ne sois pas même fatigué après avoir couru quelques centaines de mètres en sprint ? Quoiqu’il en fût, ça n’avait plus d’importance désormais. Et le père Gabriel devait bien rigoler, depuis son perchoir. Ca avait finalement tourné en une sorte de farce, un test sadique rappelant assez l’arène romaine, avec son lot de gladiateurs qui s’étripent joyeusement.

Ave Gaby. Morituri te salutant. Et va te faire voir chez les grecs.

- Derek, laisse-moi la place.
- Raven ! Bordel, t’étais où ?!
- Je me faisais tout petit, afin que l’autre cul béni ne me repère pas. Mais au point où on en est, ça ne sert plus à grand-chose. Au pire, on pourra peut-être s’en sortir en faisant croire que tu es une sorte de prodige quelconque, ou antéchrist, ou peu importe… mais laisse-moi m’occuper d’eux. Ce sera vite réglé.
- A ta guise…

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Je stoppais d’un coup le corps fin et élancé de Derek, coupant d’un coup le rythme effréné de la course poursuite. Glissant la main droite dans ma poche intérieure, je sortis la paire de lunettes de soleil que Derek avait rangées afin de montrer qu’il n’était pas un démon. Les bruits de course frénétique résonnaient de plus en plus fort derrière moi ; mais je pris le temps de glisser une cartouche au napalm dans le magazine tubulaire de mon Benelli. Alors que je me retournais, je pu voir les expressions de rage et de sadisme figées sur les visages des possédés.

La joie perverse et l’attente quasi insoutenable d’infliger une douleur légitime aux démons étirèrent mes lèvres en un demi-sourire carnassier. Je levai le canon de mon arme, assez bas, et pressai la détente ; le coup sembla partir entre les démons de tête sans même les toucher, et le napalm s’écrasa apparemment sans dégâts sur le sol. D’une subtile manipulation télékinésique du fluide enflammé, je traçais un pentacle pile à l’endroit où se trouvait le dernier de mes poursuivants. Il se cogna violemment contre la barrière invisible du symbole géométrique, mais aucun de ses congénères ne remarquèrent la supercherie.

- One down…

Je jetais mon fusil sans autre forme de procès, allant même à la rencontre des sept démons restants avec un sourire franchement dérangé. La tactique était souvent la même : habitués qu’ils sont à traquer des humains, ils deviennent franchement démunis dès qu’ils doivent se battre contre quelque chose d’aussi puissant qu’eux. Je devais donc frapper bien avant qu’ils ne se rendent compte de ce à quoi ils faisaient face. Et j’avais quelques centaines d’années d’expérience dans la chasse au démon, que la plupart d’entre eux n’ont pas…

Le premier me fonça dessus à une vitesse inouïe, balançant son poing avec une force telle qu’il m’aurait explosé la tête s’il avait atteint son but. Plongeant sous son coup à une vitesse normalement impossible grâce à la télékinésie, j’esquivai son coup sans le moindre souci. Dans mon mouvement, la poche contenant mes cartouches déversa tout son contenu au sol, qui se dispersa dans toute la ruelle. N’imaginant même pas qu’un être humain soit capable d’une telle prouesse, ni lui ni le reste de sa bande n’avait prévu ce cas de figure, et furent surpris juste le temps que je me glisse au milieu du groupe.

- …several more to go.

On va oublier le pentacle individuel. On va jouer un peu plus bourrin, cette fois.

Le premier, passé sa surprise, s’enragea d’avoir été berné aussi facilement et revint à l’assaut plus vite que les autres. Je parai son coup de poing gauche avec mon avant-bras droit, avant de faucher ses deux jambes par l’arrière via un balayage magistral ; à une vitesse connue seulement d’êtres extraordinaires comme ceux des démons, je lui balançai un coup de pied, juste assez fort pour ne pas tuer son sac à viande, avant même qu’il ne touche le sol, et le propulsai sur deux de ses congénères qu’il renversa sous son poids.

Sans laisser aux autres le temps de réagir face à ce soudain retournement de situation, je me jetai sur le plus proche encore debout, avant de lui saisir la tête de ma main droite et de le projeter sur un de ses autres comparses. Le démon restant avait largement récupéré de sa stupeur et faillit me décapiter d’un coup de pied digne de Chuck Norris. Je me baissai juste à temps, sentant le déplacement d’air m’ébouriffer les cheveux au passage de la jambe, avant de contre attaquer par un uppercut si violent qu’il fit se soulever le démon du sol. La prochaine note du dentiste allait être salée.

Au sol, mes préparatifs avaient tout juste eu le temps de se terminer : le contenu de chacune des cartouches s’était déversé au sol, et il me suffit d’une seule seconde pour former, par télékinésie, un gigantesque pentacle constitué de sel, d’argent, de plomb et de napalm. Le combat n’avait pas duré plus d’une minute, et déjà ma victoire était écrasante ; je savais que j’avais toujours raison d’embarquer autant de matériel que possible quand je partais chasser !

Sortant un petit dispositif de la poche intérieure de mon manteau, j’allumais ce dernier, avant de m’éloigner aussi vite que possible – sans paraître pressé, Gaby nous observe toujours, sans doute – du poème latin entonné par le petit lecteur mp3. Les insultes et cris de rage des démons résonnaient dans la ruelle, tandis que je récupérais tranquillement mon fusil déchargé, et désormais inutile sans cartouche ; je le rangeais dans son emplacement alloué dans ma doublure, et laissait derrière moi des hurlements qui avaient redoublé d’intensité alors que l’exorcisme touchait à sa fin.

Ici Raven Blace, à vous les studios.

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Je me retrouvai à nouveau projeté aux commandes de mon corps, ayant pu admirer le magnifique combat depuis les premières loges, et déjà Raven s’éclipsait dans mon inconscient. Je savais que je devais rester concentré et faire comme si de rien n’était, afin que la supercherie passe aux yeux de Gabriel, mais je ne pouvais m’empêcher de pousser un soupir, à la fois de soulagement et d’admiration. C’était de loin la plus belle prouesse martiale de Raven, depuis qu’il vivait en moi. Et pourtant, il en a fait des trucs dingues.

Je forçai mon esprit à arrêter ses vagabondages, puis repartis d’un pas résolu dans les rues de New York, attendant l’interruption de Gabriel, qui n’allait certainement pas manquer de commenter en détail cette belle démonstration de combat. Je ne savais même pas que mon corps – même en étant doté de pouvoirs démoniaques – était capable de faire ça. Je pense que je vais regarder Raven d’un autre œil désormais. Je vais tâcher de moins le gêner dans ses parties de chasse…

Le jeune homme, ou démon ce dont était de plus en plus sûr Gabriel, s'arrêta net dans sa course. Et pour l'Archange cela commençait à devenir très très intéressant ! Il aurait enfin une distraction digne de ce nom, et il n'avait franchement pas peur de ce qui allait arriver puisque selon lui s'il s'en sortait cela prouverait qu'il n'est pas tout à fait "normal" ... enfin s'il survivait aux attaques de ses nouveaux assaillants que Gabriel venait de créer. Un sourire se dessina sur le visage de l'ange tandis qu'un coup de feu venait d'être lancé. A son étonnement aucune de ses créatures ne venaient d'être touchées et il regarda plus attentivement ce que l'autre zigoto fabriquait en bas. Un pentacle. Hé bien ... il m'étonnera bien lui ! s'exclama intérieurement Gabriel. Effectivement, il venait d'arrêter la horde de démons à ses trousses en un seul coup de feu. L'intérêt de l'Archange devenait de plus en plus évident envers le jeune homme ou qui qu'il soit.

Lorsqu'il continua de suivre la scène, il su qu'il ne s'était pas trompé. L'homme avança fièrement vers les sept démons n'ayant pas été pris au piège. La guerre allait bien commencer et Gabriel se demanda qui allait vraiment sortir vainqueur de cette histoire. Des coups de poings, de pieds n'arrêtèrent pas de pleuvoir en un rythme bien particulier, si bien qu'un simple humain n'aurait pu suivre correctement le cour de cette bagarre entre démons. Son sourire n'arrêtait pas de s'agrandir au fur et à mesure qu'il voyait qui allait gagner ce combat. Bon cela voulait dire forcément une défaite pour lui, mais peut-être qu'il arriverait à s'en faire un allié ... ce n'était pas très conventionnel pour un ange de devenir allié avec un démon, mais avec les temps qui courrait Gabriel était prêt à tout ! Ses pensées retournèrent rapidement sur le champ de bataille en bas qui s'était transformé avec du sel, de l'argent, du plomb et du napalm en pentacle géant. Les flammes se mirent à danser dans les prunelles de l'Archange. Il exorcisait la horde de démon. Cela signifiait la défaite de Gabriel, même s'il n'avait pas dit son dernier mot, il avait eu ce qu'il voulait ... comme toujours.

D'une lumière vive, l'Archange se volatilisa de son perchoir et alla se planter face au jeune homme. Comment pouvait-il donc faire comme si de rien n'était. Gabriel sentait qu'il n'était pas seul dans son corps ... bien qu'il savait que ce n'était pas une personne schizophrène. Sourire à nouveau. Et contre toutes attentes certainement de la part de Raven, Gabriel se mit à applaudir l'exploit de l'homme. Il ne pouvait faire que ça à présent. Il avait assez joué et il en avait marre puisqu'il en avait assez vu.

Gabriel « Bravo ! Bravo ! Je crois que tu es le premier à avoir survécu dans ce monde ... » dit-il avec un sourire sadique.

Il était capable de beaucoup de chose, mais il n'avait jamais tué pour tuer. Il tuait - enfin ses illusions tuaient pour lui - lorsqu'il s'agissait de démon, comme Lilith qu'il avait évidement envie de voir morte sous ses yeux, ou bien lorsqu'il s'ennuyait et qu'il avait envie de punir des humains qui le méritait.

Gabriel « Enfin ça me prouve bel et bien que tu n'es pas un simple humain ... n'est-ce pas démon ? Aller crache le morceau, j'vais pas t'faire rôtir en enfer. J'crois bien même qu'on pourrait s'entendre sur certains points. »

Après ce qu'il venait de se passer, il avait envie de passer un accord avec le démon. Un démon qui les protégerait évidement tous les deux quelque chose d'incassable et qui leur permettrait de venir à bout de pas mal de démon. Si vraiment la chasse était devenu le lot quotidien de Raven. Et puis ça ne l'amuserait pas plus de le laisser traîner dans cette ville créée de toute pièce par Gabriel, sauf s'il résistait à l'envie de faire un pacte ... si c'était un démon il ne résisterait pas bien longtemps et ça il en était sûr. Quoique pour être tranquille, il dirait n'importe quoi et cela c'était une possibilité que l'Archange ne devait pas négliger.

Spoiler:

Je ne m’en étais pas rendu compte sur le coup, mais le combat m’avait beaucoup épuisé. Je sentais mes tendons et mes muscles au bord du déchirement, à force de se contracter à leur limite physique. C’était d’ailleurs un petit miracle qu’ils n’aient pas lâché…et je devais maintenant user de toute ma volonté pour empêcher mes membres de trembler. C’était une sacrée performance de se débarrasser de toute une bande de démons, mais visiblement, ça n’était pas sans un léger contrecoup. Et avec l’archange qui devait toujours traîner dans le coin…

D’ailleurs, un flash éblouissant illumina la ruelle, quelques mètres devant moi, m’obligeant à lever la main en détournant le regard. Un instant plus tard, Gabriel en émergea, de sa démarche goguenarde et suffisante, avant de se planter devant moi. Je restai de marbre, ne sachant trop à quoi m’attendre, mais sur mes gardes tout de même. J’esquissai un mouvement de recul involontaire quand il leva les mains devant lui. Pas moyen de savoir si ses yeux et son sourire indiquaient qu’il était amusé, intéressé, ou simplement content d’en finir. Puis…

*Clap*

Je restai bouche bée.

*Clap* *Clap* *Clap*

«Bravo ! Bravo ! Je crois que tu es le premier à avoir survécu dans ce monde ... »

Mon sourcil gauche se haussa spontanément. Est-ce que je devais m’attendre à un pouce levé pour mes prouesses, ou bien… ? Je restai interdit, sans trop comprendre ni savoir à quoi m’attendre. J’avais déjà beaucoup donné ce soir, et Raven encore plus. Mais les problèmes n’étaient peut-être pas encore réglés.

« … Monde ? »

«Enfin ça me prouve bel et bien que tu n'es pas un simple humain ... n'est-ce pas démon ? Aller crache le morceau, j'vais pas t'faire rôtir en enfer. J'crois bien même qu'on pourrait s'entendre sur certains points. »

S’entendre ? Peut-être que je tenais là mon moyen de m’échapper. Et déjà, j’avais bien noté que Gabriel n’avait pas l’intention de m’expédier en enfer. Les choses avaient une petite chance de s’arranger d’une manière ou d’une autre, pour moi. Il ne restait plus qu’à jouer correctement mes cartes, et je pourrais rentrer chez moi avec plus ou moins de problèmes. Je poussais un très léger soupir, et fit mine de me détendre.

« …S’entendre ? A voir. J’ai déjà pactisé avec un démon, alors, pourquoi pas avec un ange ? »

Bien. Cela résumait assez bien la situation. Pas de mention directe à Raven. D’ailleurs, je ne l’entendais même plus ; s’était-il vraiment épuisé ? Ce serait bien la première fois. Il me sermonne parfois pour mes interruptions, mais lui avait tendance à « forcer » les choses avec ses pouvoirs, juste pour se divertir et me voir me dépêtrer de certaines situations. Un peu comme…Gabriel, tiens. Bien que les jeux de mon hôte démoniaque soient un peu moins mortels. Oh, douce ironie…

« Mais je n’ai pas vraiment le choix, n’est-ce pas ? fis-je avec une moue résignée. Je vous suis tout ouïe. »

De toute manière, ni moi ni Raven n’avions la moindre chance face à un Archange.

Qu’on en finisse.

Spoiler:

Raven « …S’entendre ? A voir. J’ai déjà pactisé avec un démon, alors, pourquoi pas avec un ange ? Mais je n’ai pas vraiment le choix, n’est-ce pas ? Je vous suis tout ouïe. »

Gabriel se sentit faussement vexé, comment pouvait-il penser un instant que l'Archange ne le lui laisserait pas le choix. A dire vrai, Gabriel ne le lui laisserait qu'un peu le choix. S'il n'acceptait pas ... hé bien il risquerait de très mal le prendre, et quand l'archange est vexé ... Bien personne n'est encore là pour dire ce qu'il se passait réellement. Savoir maintenant qu'il avait pactisé avec un démon, le confortait dans son idée. Gabriel n'était d'ailleurs pas surprit de sentir le démon à la place du jeune homme. Et puis cela lui ferait un très bon allié dans son camp. Pourtant rare étaient les démons qui cédaient facilement leur place à l'humain à qui ils avaient pris le corps. En l'occurrence, l'humain était encore en vie et dirigeait parfaitement son corps. Cela surprenait d'ailleurs quelques peu Gabriel. Bien que lui faisait de temps à autre la même chose. Son hôte, Seth, avait une cousine vivant à Salem, et bien qu'il détestait laisser l'humain prendre le dessus, il se permettait de se reposer et de laisser Seth discuter avec cette fameuse cousine ... Rarement, mais ça lui arrivait.

Gabriel « Alors, alors. Je crois bien comprendre que le démon qui occupe ton corps, n'a pas de réel camp à part le sien, n'est-ce pas ? Que diriez-vous de vous joindre à moi de temps à autre ? Je n'ai pas de camp non, et je vous arrête tout de suite, ce n'est pas parce que je suis un archange que je suis forcément tout gentil. »

Oh bien sûr que non, il n'était pas forcément gentil. Bien que cela lui arrivait de temps en temps. Mais la plupart du temps Gabriel n'avait d'autre occupations que d'ennuyer son monde, et de s'attaquer à de pauvres innocents. Même si cette nuit il n'avait pas cherché les ennuis avec ces petites frappes, il avait réussi à mettre en colère un démon. Et qu'est-ce que ça l'avait fait rire !

Gabriel « Après je dois t'avouer, que je tiens toujours parole. Donc si jamais il arrivait que je doive me retrouver dans le camp de méchant ça ne me dérangera pas le moins du monde. »

Avouons-le Gabriel était pour son propre camp, que ça soit les démons ou les anges qui gagnent dans cette nouvelle petite guerre, il s'en fichait éperdument, du moment où lui pourrait continuer sa petite vie tranquille. C'est tout ce qu'il demandait ... même si pour l'instant il aidait une prodigues avec ses nouveaux pouvoirs alors que ça n'était pas du tout son rôle, c'était celui de Castiel qui partait toujours à gauche et à droite.

Gabriel « Enfin, rassure-toi, je ne vais pas t'obliger à quoi que ce soit. C'est pas du tout mon genre. »

Le genre menteur, ça c'était lui, et il se réjouissait d'avance. Il se doutait bien que le jeune homme et le démon allaient discuter ensemble des éventuels avantages et inconvénients de pactiser avec un archange. Et là Gabriel jubilait d'avance de pouvoir berner à moitié un démon, parce que forcément, ça allait avoir beaucoup d'inconvénients ... mais ça Gabriel ne le dirait qu'après leur petit pacte.

Gabriel « Ne t'inquiètes pas, je te laisse le temps de voir avec ton démon et réfléchissez bien à votre aise. » dit-il avec un sourire.

Spoiler:

Je gardais un masque résolument neutre sur mon visage. J’étais incapable de dire si la situation tournait pour le mieux ou pour le pire pour moi. Quel genre de deal pouvait faire un ange ? Enfin, un archange plus ou moins sadique, et à un humain ayant pactisé avec un démon qui plus était. Nerveux, sceptique et par-dessus tout, attentif à mon interlocuteur, je passais quelques éventualités dans mon esprit. Chasse aux démons ? Jouer le rôle d’agent double ? Ou bien celui d’un appât, dans un conflit quelconque, avec pour unique récompense le fait de pouvoir me battre pour ma vie ?
Retour à l’arène, gladiateurs. Vous êtes là pour divertir.

« Alors, alors. Je crois bien comprendre que le démon qui occupe ton corps, n'a pas de réel camp à part le sien, n'est-ce pas ? Que diriez-vous de vous joindre à moi de temps à autre ? Je n'ai pas de camp non, et je vous arrête tout de suite, ce n'est pas parce que je suis un archange que je suis forcément tout gentil. »

Je dû me retenir tellement fort de ne pas répondre du tac au tac « Tiens, je m’en serais pas douté… » que je crus un instant que mon cerveau allait se liquéfier. Un peu le même type de douleur qu’une bouchée un peu trop franche dans de la glace. L’attitude passivement rebelle et les bravades du démon commençaient à déteindre sur mon comportement ; or, dans cette situation précise, ça risquait de fortement compromettre ma survie immédiate. Ca requérait un petit peu plus de subtilité qu’un coup de fusil à pompe et de belles explosions.

« ...En effet, nous n’avons pas de camp à proprement dit. Nous sommes mercenaires en surnaturel. Ouverts à…certaines offres. »

« Après je dois t'avouer, que je tiens toujours parole. Donc si jamais il arrivait que je doive me retrouver dans le camp de méchant ça ne me dérangera pas le moins du monde. »

Je tiquais. « Bien entendu… »

« Enfin, rassure-toi, je ne vais pas t'obliger à quoi que ce soit. C'est pas du tout mon genre. »

J’allais répondre, quand une sensation de chute me projeta aux limites de ma conscience.
Laisse, Derek. Je prends le relais.

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« Ne t'inquiètes pas, je te laisse le temps de voir avec ton démon et réfléchissez bien à votre aise. »

« Inutile. C’est tout vu. »

Je levai de nouveau le regard, une lueur rougeoyante illuminant les pupilles de Derek. C’était simple : je disais non, je restai sur le carreau. J’avais déjà tendance à m’enfuir la queue entre les jambes quand j’affronte un ange, tout simplement parce que je ne savais pas comment les tuer. Et, au vu de la puissance de feu de l’archange, il n’allait pas rester grand-chose de moi ou de Derek au terme d’un combat avec Gabriel. L’objectif était de ne pas « capituler » trop rapidement, ou montrer que j’avais moi aussi quelque chose à gagner d’une telle association. Bien qu’en toute sincérité, ce ne serait que pour sauver les apparences. Aucune des deux parties ne se faisait d’illusions quant à qui dominait qui.

« Cela fait longtemps que je cherche quelqu’un qui puisse me renseigner sur les êtres célestes. Je suis certain que nous pourrions être…profitables à l’un comme à l’autre. »

Je sortis mes lunettes de soleil et les ajustai sur mon nez.

« Et j’imagine que, si vous me proposez une offre pareille, c’est que vous avez déjà un objectif en tête. Alors allez-y. J’écoute. »

Je pensais honnêtement m'en être sorti admirablement. Et on ne pourra pas dire que je n'y mets pas du miens : j'ai quand même réussi à passer du coup de chevrotine en guise de bonsoir au petit contrat potentiellement juteux et augurant d'assez bonnes perspectives vis à vis de mes futures chasses, en plus de me permettre d'élargir ma " gamme de services ". Si je peux découvrir ce qui permet de tuer un ange dans la foulée, ça me permettra d'aborder certaines missions en étant un peu plus décontracté. Enfin, encore fallait-il parvenir à tirer cette information de Gabriel… mais je restais assez confiant en ce qui concernait les débouchés potentiels de notre association.

A Devil makes a deal with and Angel under the pale moonlight.