Elle était belle Lewis, belle comme un ange. Ses longs cheveux blonds, ses grands yeux noisettes, son sourire et ses lèvres rosées auraient pu en témoigner. Elle était souriante, belle, douce, prête à aider et fiancée même. Elle était follement amoureuse d'un homme aux cheveux bruns, un homme qui l'aimait lui aussi. Elle avait 23 ans, elle était jeune, belle, elle s'appelait Lewis Addams.

« Enfin une soirée rien que pour nous deux, j'ai l'impression qu'on a pas fait ça depuis une éternité ! Pas toi ? » William hocha la tête pour acquiescer et accueillit sa fiancée dans ses bras. Il la serra avec amour contre lui, en profitant pour capturer les lèvres de la blonde. Jamais il n'avait aimé à un tel point une femme, et il était désormais sûr que c'était avec elle qu'il voulait finir ses jours. C'était donc sans hésitation qu'il l'avait demandé en mariage. Parce qu'il l'aimait tout simplement. Il nicha son nez dans le cou de Lewis, inspirant son odeur. Elle posa ses mains dans le dos du garçon, assise sur ses genoux. « Je n'arrive pas à croire que d'ici quelques mois, tu seras ma femme... » Elle lui répondit d'un grand sourire et dégagea une mèche blonde de ses yeux, pour pouvoir observer plus en détail l'homme qu'elle aimait. Chose inutile cependant puisqu'elle connaissait chaque recoin du corps de l'homme par cœur, mais elle ne se lassait jamais de croiser son regard. Elle l'embrassa à nouveau mais se stoppa tout à coup, alors qu'il avait fourré sa langue dans sa bouche. Elle releva violemment la tête, observant avec des yeux paniqués la pièce. Will fronça les sourcils. « Lewis, qu'est-ce qu'il y a ? ». La blonde ne répondit pas tout de suite, guettant chaque mouvement autour d'elle comme une gazelle menacée de se faire attraper par une lionne. Elle se mit à trembler, et William posa une main sur son épaule pour l'inciter à lui répondre, reposant une nouvelle fois sa question. « ...Tu n'as pas entendu ? ...On aurait dit... Une voix... » Il leva un sourcil avant de les froncer. « Ma chérie, il n'y a personne d'autre que nous dans l'appartement... Et il n'y a pas de bruit... » A vrai dire, il semblait un peu inquiet. Ce n'était pas la première fois qu'un phénomène aussi étrange se passait avec sa fiancée. Est-ce que c'était lui qui était sourd ou elle qui entendait des voix ? Il fit la grimace, alors qu'elle cessait de trembler et haussait les épaules, comme si les voix réduites désormais au silence, n'avaient plus d'importance.

Mais ce que beaucoup ignorait, c'était que la belle avait un secret, et pas des moindre : elle entendait une voix. C'était une voix tout douce, qui murmurait des paroles résonnantes incompréhensibles. Comme si quelqu'un suivait partout la blonde. D'abord effrayée, celle ci avait cru rêver et avait tenté d'ignorer les mots qu'elle entendait, mais bientôt il la submergeait et elle se mettait à l'écouter. C'était le début de la fin, ce qui la mena à sa propre perte.

« Lewis, mon ange, je suis rentré ! » William, après avoir ouvert la porte, s'engouffra dans le petit appartement. Il fut surpris de découvrir l'endroit baigné dans le noir et encore pire, sa petite amie, juste devant lui, vêtue d'une simple robe de chambre très courte. Il fronça les sourcils, sursautant un peu devant cette silhouette fine dont les cheveux blonds cachaient quelques peu le visage. Il enleva son manteau puis alluma la lumière, son cœur fit un bond. « ... L...Lewis ! Q...Qu'est-ce que tu as fais ?! » Cutter dans la main, un large filet de sang coulait le long de la lame tout comme le long des cuisses de la jeune femme. D'épaisses traces rouges, longues comme des cicatrices sanglantes, empourpraient la peau blanche de la jeune femme. Ses yeux étaient d'un noir alarmant, comme les ténèbres. Elle fixait son homme, sans un mot. Lui, paniqué, lui arracha l'instrument couvert du liquide rouge des mains, qu'il envoya valser plus loin. « Q... Qu'est-ce que c'est ?! T... Tu t'es mutilée ? » Sa voix était enrouée, cassé par la terreur. Il la saisit par les épaules pour la porter et l'allongea sur le canapé, se fichant des traces que cela pouvait laisser. Il était affreusement inquiet. « Mais réponds moi ! Nom de Dieu, Lewis ! ». Le sang coulait toujours, le tissu du sofa en était désormais imbibé. L'humaine se vidait, couverte de traces morbides. Après quelques gémissements alarmés de son fiancé, elle finit enfin par ouvrir ses lèvres roses. « ...Styx. » Il fronça les sourcils, les mains tremblantes. « Pardon ? Quoi Styx ? » Elle se redressa un peu sur le canapé, plongeant son regard ténébreux dans celui de William. « Je m'appelle Styx. Plus Lewis. » Il agrandit les yeux, saisissant son portable pour appeler les urgences. On répondit vite, il tâcha d'expliquer la situation. Mais alors qu'il donnait l'adresse du petit appartement du couple, il sentit une main ferme sur son épaule. Se retournant, un aperçu deux yeux noirs et deux dents immenses qui le saisissait et il sombra dans le coma.


William se réveilla à l’hôpital, deux semaines plus tard, le corps faible et couvert de cicatrices graves. Les médecins avaient tout d'abord penser à l'attaque violente d'une bête sauvage. Mais en examinant plus précisément les traces de morsures, ils y découvrirent une certaine dentition humaine. William fut incapable d'expliquer quoi que se soit, il ne se souvenait de rien. Même pas de son propre nom. Il avait reçu un violent coup sur la tête.

« Et bienvenue sur Radio Star, la radio préférée de vos stars préférée ! Aujourd'hui commençons bien la journée avec Marron 5 avec le tiiiiiii.... BOUM. ». Tirée de son demi sommeil, toujours quasi inexistant, Styx poussa un grognement rauque, frappant le réveil d'un violent coup de point. L'appareil tomba à terre et se brisa en plusieurs morceaux. L'humaine possédée se redressa dans le grand lit. Elle n'avait pas quitté son appartement, n'était pas sortie depuis bientôt deux mois. La chambre était dans un état lamentable. Les draps étaient déchirés, le lit couvert des plumes d'oreiller, les meubles s’effondraient et les autres pièces de l'appartement ne valaient pas vraiment mieux. Les violentes crises de la démone avaient laissées des traces impressionnantes : le sang sur les murs, la cinquantaine de cicatrices épaisses sur ses poignets et ses cuisses, les cutters et couteaux sur le sol, les traces de griffures sur les murs et bien sûr les meubles tombant en ruine. Elle n'avait pas revue William depuis qu'elle s'était emprise à lui et c'était tant mieux. Ce type ne lui apporterait rien de bon. Apparemment, l'ex humaine avait des problèmes avec sa famille, puisque personne n'avait essayé de la joindre. Mais cela importait peu a la démone. Lewis n'existait plus désormais, il n'y avait plus que Styx.

Ce fut lors d'un cauchemar affreux, alors qu'il fut encore en pleine hospitalisation que William se souvint de tout. Sa fiancée, la soirée, la pièce dans le noir, le cutter, les cicatrices, le sang, les crocs, le noir... Il s'en souvenait à présent, il se souvenait de tout ! Un frisson de panique l'avait prit. Où était Lewis, où était sa raison de vivre ?! Ses mains se mirent à trembler. Il avait essayé de se lever mais avec un pied dans le plâtre et une hanche en compote, c'était fort difficile. Il se laissa donc choir sur le lit, jurant qu'il la retrouverait, cette espèce de chose qui venait de dévorer l'âme de l'amour de sa vie...

Le corps glissa lentement sur le sol pourtant cela n'empêcha pas le crane de pousser un craquement d'os en rencontrant le béton. Styx esquissa un sourire. Sa tenue était fichue désormais, même son décolleté était couvert de sang. Elle passa sa langue sur ses lèvres et se lécha allègrement les doigts. Un dîner absolument parfait ce soir. Elle baissa les yeux sur le corps du jeune homme, paupières closes, baignant dans son propre sang. La démone mordilla sa propre lèvre. Par Lucifer, c'est qu'il était diablement beau le mortel. Elle haussa les épaules et du pied fit se tourner le cadavre sur le ventre. Elle découvrit un dos couvert de morsure et d'une chaire à vif. Elle recula quelques peu dans la ruelle, pour éviter que ses talons hauts soient imbibés de sang. Styx tendit tout à coup l'oreille, entendant des bruits de pas. Elle cessa de bouger lorsque plusieurs silhouettes passèrent devant le lampadaire. Un gang sans doute, un gang d'humain. Elle leva un sourcil, se retenant de rire. « Hey les mecs, regardez ce qu'on a trouvé ! Putain elle est bonne ! ». La démone plissa les yeux alors que les individus s'approchaient d'elle. Elle était tellement baignée dans l'obscurité que ces idiots n'avaient surement pas remarqués qu'elle était couverte de sang. Elle se mit à rire, les hommes parurent surpris. « Heu... Pourquoi elle rit ? » On donna un coup de coude à celui qui avait parlé. « On s'en fou ! Allez. ». Mais alors qu'ils s'approchaient encore, ils butèrent sur une plateforme plus haute. Ils poussèrent un grognement et l'un alluma une lampe torche. Il cru qu'il allait vomir. « AAAH ! Mais c'est quoi ça ?! ». Styx rit de plus belle. Cette fois ce fut elle qui s'avança, saisissant la lampe torche qu'elle brisa juste en serrant le poing. Les membres du gang tentèrent de s'enfuir elle en rattrapa tout d'abord un, donc elle brisa la nuque en pivotant sa tête à 90 degré, puis un autre en lui arrachant les cervicales de ces crocs. Elle brisa les os des jambes des deux derniers et les laissa là, plaintifs. L'un deux se mit à crier alors qu'elle commençait à partir : « A...Ah...P...Pitié ! Tuez nous ! Pitié... ». La blonde se retourna après quelques pas, très lentement, éclairée par la lumière effrayante du seul lampadaire de la rue. Sa bouche s'éclaira d'un sourire morbide alors qu'elle remuait les lèvres, lentement : « Désolée, je ne vous dois aucune indulgence. ». Et sur ceux, elle disparut dans les ténèbres de la nuit.