&

Seeliah & Cie
«C'est la confrontation avec les autres qui vous permet de dévoiler toutes vos facettes.»
[Björk]

Cela commencé sérieusement à me déranger de devoir toujours faire le sale boulot pour Uriel. J’étais d’accord pour m’associer à lui, parce que cela pouvait servir pour ma vengeance personnelle à l’encontre de mon père, de celui que les humains appellent Dieu. Mais je n’avais pas signé pour m’occuper que des parties dérangeantes ou de bas étages, comme ce rendez-vous avec un démon de second plan pour un arrangement à la noix, qui ne mènera probablement à rien. Et pourtant, j’étais bien là, près de la vieille église à attendre un démon dont je ne me rappelais même pas le nom, afin de marchander avec. Oui la vieille église, c’est plutôt cliché comme lieu de rendez-vous, je ne sais même pas vraiment ce qu’il m’a prit de choisir cet endroit, peut-être une façon de faire un joli pied de nez à celui qui se prétend être mon père et dont je n’ai pas l’impression d’avoir eu un semblant de reconnaissance, étant là que pour le servir, comme tout les autres anges qu’il avait créé.

La nuit était noire, les nuages au-dessus de ma tête empêchaient la lumière de la lune de nous éblouir de sa présence, le vent soufflait à peine en de brise légère. J'avais froid et je n'avais qu'une hâte que le démon soit là et qu'on en finisse au plus vite. Après une courte attente, qui me sembla pourtant être une éternité, patiente comme je le suis, le démon se montra enfin. Lorsque ses yeux se posèrent sur moi et qu’il eut ce rire moqueur devant mon apparence, je n’eus qu’une envie, lui sauter à la gorge. Oui j’habite le corps d’une adolescente de 15 ans et oui cela est plus un inconvénient qu’un avantage, au moins j’avais la chance que cette jeune demoiselle soit si jolie et pourvu d’atour avantageux. Corps que j’aimais faire paraitre plus âgé et moins lisse sous une apparence rebelle et destroy qui correspondait entièrement à mon état d’esprit. Ce look sombre, ce côté dark s’accordait parfaitement aux longs cheveux blonds dorés que je laissés le plus souvent détachés, décoiffés à la merci du vent, à ses yeux d’un bleu si clair que le noir dont je les affublais tout autour les rendaient presque translucide, sa peau laiteuse contrastant avec les matières et les couleurs des vêtements que je lui faisais porter. Loin, qu’elle était loin, la petite fille à papa avec son nœud dans les cheveux et ses jupes plissées.

N’appréciant le ton moqueur qu’il employa pour me parler, faisant exprès de s’adresser à moi telle à une petite fille sans défense, je lui répliquais sèchement qu’il avait intérêt à arrêter tout de suite ces allusions débiles et à m’avoir amenée ce pourquoi il était présent, auquel cas je me ferais un plaisir de lui faire vivre un enfer, tel qu’il en viendra à souhaiter d’y retourner. Bien évidemment, ce genre de menaces émanant de la bouche d’une enfant semblait surréaliste et il continua de plus belle. Ce corps était une plaie, je n’arrivais pas à me faire respecter, me faisant continuellement traiter comme une enfant alors que je suis bien plus âgée que ce qu’il n’y parait. Le ton monta entre nous, je me rapprochais, je voulais lui montrer que je n’étais pas aussi faible que j’en avais l’air. Je ne réfléchissais plus, je ne me contrôlais plus, c’était de la folie de vouloir s’en prendre seule à un démon, même s’il n’était peut-être pas important, qui sait combien d’autres étaient planqués non loin attendant la moindre occasion de sortir de l’ombre dans laquelle ils attendaient, un signe, un geste de celui qui me faisait face, pour m’attaquer. J’étais forte, très forte, mais seule contre plusieurs je ne ferais pas le poids. Mais je continuais quand même à le provoquer faisant fis de toute prudence. Il n’y avait plus qu’à espérer que quelqu’un passe par là et m’empêche de m’envoyer au suicide, bien trop impulsive que j’étais à agir avant de réfléchir.