Halloween... En toute honnêteté, je n'ai jamais réellement compris le sens ou en tout cas l'utilité de cette fête. Est-ce parce qu'on m'a toujours interdit d'y participer? Je ne sais pas. Mais en un sens, cela paraîtrait logique. Il faut dire que mes parents n'étaient pas du genre très... tolérants avec moi. Après tout, ils avaient tracés mon destin dès ma naissance et ont tout fait pour que je ne m'en éloigne pas, quitte à me priver de tout plaisir qu'un enfant pourrait réclamer. Je n'avais vraiment pour seule distraction que ma petite sœur, alors bon. Mais je me souviens de quand j'étais petite, et que je voyais tous les enfants de mon âge, moins ou même plus âgés, je cherchais continuellement le sens de ce qu'ils faisaient. Sortir dans les rues, déguisé, pour aller récolter des bonbons en faisant du porte à porte... Je crois que je remerciais presque mes parents de ne pas me laisser le faire. Mais c'était très certainement à cause de l'éducation qu'ils m'avaient donné. Après tout, j'étais destinée à entrer dans les 6 Astres, alors Halloween n'était vraiment pas une fête pour moi. Bref. C'était à ça que je pensais ce soir alors que j'étais en train de me préparer pour me rendre au bal de la ville organisé pour Halloween. Ironique non? Pour être sincère, je n'avais pas vraiment envie de m'y rendre, mais comme on m'avait envoyée en mission dans cette ville et que j'avais eu vent de la présence d'Ethan ici, il fallait que je reste. De plus, j'avais un alibi parfait pour me rendre à ce bal. Pour tout le monde, j'étais une simple serveuse, ce qui je l'admet est le travail de couverture parfait. Les gens ne posent pas de questions sur votre vie privée et ne se questionnent pas sur la véracité de ce que vous leur racontez. Que demander de plus? Mais d'un autre côté il fallait que je me montre tout le temps agréable, que je fasse le plus d'efforts possible pour entretenir des relations sociales à peu près stable, sinon ma couverture deviendrait quelque peu étrange.

Comme " je n'avais pas trop le choix ", j'avais décidé de me déguiser de façon peu extravagante, mais qui me permettrait cependant de me fondre dans la masse et de ne pas être vue au premier coup d’œil. Une robe noire qui appartenait avant à ma mère, relativement longue et qui donnait un air de riche à mon sens. Je me fichais de ce que les gens pourraient penser, après tout, je ne vois pas pourquoi je devrais vivre dans la crainte de leur regard. Cette robe était une robe bustier, assez près du corps et sans trop de dentelle ou autre choses du genre, ainsi que relativement longue. J'avais opté pour un maquillage assez prononcé et relativement sombre, ce qui en un sens accentuait la couleur claire de mes yeux. Je m'étais bouclé les cheveux et je les avais coiffés de façon quelque peu particulière mais qui ne me choquait pas. J'avais agrémenté ma coiffure d'un bandeau noir sur lequel se trouvait une plume dans les tons de violet-mauve. Une paire de chaussures noires à talon et c'était bon. Enfin, point de vue déguisement. Au sein des Astres, j'étais connue pour être celle qui était toujours la plus armée et la plus agile. C'est pour cette raison que sous ma robe, autour de ma cuisse, j'avais accroché un revolver et quelques chargeurs pleins au cas où. Je n'allais quand même pas y aller sans aucune arme quand même? Quelle idée. Ce serait tellement ridicule de partir désarmée en pensant que je ne risquais rien à une simple petite fête comme celle-ci. Et si je croisais Ethan? Rien que pour cette raison je me devais d'être armée. Bref.

Il était presque l'heure de me rendre à ce bal et en toute honnêteté je n'étais vraiment pas pressée. Seulement parfois, il faut savoir faire des sacrifices, comme disait mon père. Oui, sauf que j'en ai déjà fait plusieurs que je regrette. Bref, ce n'est pas le moment de penser à ce genre de choses. Après un passage dans ma salle de bain pour terminer de me préparer, j'avais rangé mes armes que j'avais sorti tout à l'heure pour choisir laquelle j'emporterai à la soirée dans une boite que j'ai ensuite cachée sous mon lit. On n'est jamais trop prudents comme on dit. Une fois tout ceci fait, je suis sortie de chez moi, fermant la porte à clé, puis je me suis dirigée vers le musée, y arrivant assez rapidement. Il était décoré pour l'évènement, logique. En entrant, je regardais autour de moi, sans pour autant reconnaître grand monde. Il faut dire aussi que j'ai pour sale habitude de ne jamais prendre la peine de retenir le nom des personnes que j'ai croisé une fois ou deux. Déformation professionnelle disons. Je ne vois pas trop l'intérêt de retenir absolument l'identité de chacune des personnes que j'ai pu croiser au cours de mon existence. Enfin bref, je me dirigeais vers un côté de la salle, là d'où je pourrai voir à peu près tout le monde sans pour autant que les gens ne me remarquent. L'endroit parfait en gros. Ceux qui voudraient me parler viendront. Les autres et bien... je m'en fiche royalement, pour être totalement franche avec vous.

Iezael n'était certes pas sur Terre depuis très longtemps, mais elle avait déjà assimilé quelques pratiques bien terriennes, notamment les fast food. Son métabolisme d'ange lui permettait de ne pas grossir, et elle devait bien admettre que cette nourriture grasse et horriblement mauvaise pour la santé était extra.
Hors, l'ange à l'apparence de jeune femme se trouvait justement dans un fast food quand son portable – autre pratique humaine qu'elle commençait enfin à comprendre – vibra. Avalant une dernière frite, elle s'essuya les mains sur une serviette en papier et décrocha :

« Allo ?

-Mlle Spillmann ? Votre déguisement est arrivé.

-Ok, j'arrive tout de suite ! »

Elle se leva vivement de sa chaise et attrapa son plateau, qu'elle vida avant de le poser à sa place. La belle jeune fille sortit rapidement du restaurant et remonta la rue jusqu'à la boutique de déguisement. Elle récupéra celui qu'elle avait commandé, et rentra chez elle, dans son loft de Summer Street. Elle l'aimait beaucoup. Il était spacieux et lumineux, elle s'y sentait vraiment chez elle, bien qu'elle ne soit sur Terre que depuis peu.
Elle regarda l'heure. La jeune ange avait tout juste le temps d'enfiler son déguisement avant que James ne passe la prendre.
Le jeune loup-garous était, en dehors de Castiel et d'Uriel, sa seule et unique connaissance dans la ville. Les deux anges ne le connaissait pas. Elle ne leur avait pas parlé de ce jeune homme qui lui avait sauvé la vie, se transformant par la même occasion en une créature dangereuse pour les autres.
Alors qu'elle apportait une dernière petite retouche à sa tenue d'elfe guerrière, inspirée d'un film étrange que James l'avait forcé à voir en apprenant qu'elle ne le connaissait pas, ou des tas de créatures se battaient pour un anneau, on sonna à la porte, et la jeune femme, tout sourire, ouvrit à son ami, qui la salua de la tête, taciturne comme à son habitude.

« Coucou toi ! »

Elle le contempla quelques instants, et lui lança un regard mi-amusé, mi-étonné :

« Et donc, ton costume pour le bal, c'est... Toi ? »

Un petit rire la secoua, et il leva les yeux au ciel :

« Déjà que tu m'y traine de force, tu ne crois tout de même pas que je vais faire des efforts pour la tenue, non ? »

La jeune femme éclata de rire devant le regard faussement boudeur que lui lançait son ami. En secouant la tête, indulgence, elle attrapa ses clés et ferma son appartement à clés. Une fois sur le seuil, elle attrapa le bras de James et les téléporta. Ils arrivèrent pas très loin de la maison des Parris, et se rendirent bien vite compte que la fête battait son plein. La jeune femme sourit, alors que son ami avait pâli.

« Qu'est-ce que tu as ? demanda t-elle, inquiète.

-C'est les voyages, comme ça... Je crois que je m'y habituerais jamais » répondit-il, les yeux écarquillés.

Alors que l'ange éclatait de rire, le téléphone du médecin sonna. Il le sortit, et se tourna vers Iezael :

« C'est le boulot. »

Il s'éloigna et décrocha. La jeune femme ne chercha pas à écouter sa conversation, attendant patiemment qu'il en termine. Quand il revint vers elle, il affichait une mine consternée :

« Je suis désolé... C'est une urgence... Je dois y aller. Désolé. »

Iezael se doutait que ce serait quelque chose comme ça. Bien qu'intérieurement, elle soit déçue, elle se contenta de lui sourire en plaisantant :

« Ce n'est pas grave ! De toute façon, tu ne voulais pas y aller, pas vrai ?

-Oui, mais je n'aime pas te laisser seule, répondit-il d'un air inquiet.

-Je peux me débrouiller seule, James ! » s'indigna t-elle en fronçant des sourcils, vexée.

Un grand sourire ironique s'afficha sur son visage :

« Parfois, j'en doute. »

La jeune femme lui lança un regard glacial, et il éclata de rire.

« Bon, allez, il faut vraiment que j'y aille. Je suis vraiment désolé de te laisser tomber... »

Elle lui affirma que ça n'était pas grave, qu'elle comprenait, et il lui sourit un peu tristement. Il hésita quelques instants, comme pour ajouter quelque chose, mais il se détourna finalement et s'éloigna pour rejoindre une rue commerçante, d'où il pourrait prendre un taxi. Elle le regarda s'éloigner sans même se rendre compte de la mélancolie qui naissait en elle à son départ, et se décida finalement à entrer dans la salle de bal.
Tout était décoré comme l'ange se le figurait, et l'ambiance, bien qu'un peu angoissante, était géniale. La jeune femme ne chercha pas à trouver quelqu'un au visage familier : elle ne connaissait personne. Méconnaissable dans son déguisement elfique, parée d'une armure qui semblait d'argent, portant des lentilles rendant ses yeux violets et une perruque de la même couleur, la jeune femme ressemblait à une humaine tout ce qu'il y a de plus normal, et il était normalement impossible de découvrir sa véritable identité.
Puis elle la vit. La démone. Elle se raidit. Elle sentait venir les problèmes comme on percevait l'arrivée d'un troupeau d'éléphants lancés au galop. C'était très assourdissant, et ça lui cassait les oreilles.
Elle ne devait pas paniquer. C'était la première fois qu'elle risquait d'affronter un démon sans Cas', elle avait besoin de renfort. Heureusement pour elle, elle connaissait tout les prodigues créés par son mentor, et reconnut rapidement la jeune fille blonde à l'air maussade, cachée dans un coin.
Elle se dirigea vers elle, et sans passer par quatre chemins, lui demanda directement :

« Excuse-moi... Tu es une prodigues, n'est-ce pas ? »

La jeune femme se tourna vers l'ange, étonnée.